Il existe dans ce bas monde une sorte de tension qui régie la plupart des comportements, même inavoués, involontaires, de plein gré ou pas, cette nervure existentielle s'accapare du jugement et des réflexes de ses victimes. C'est un trouble lourd et puissant qui frappe doucement et qui ravage corps et âmes. Ça a l'air fou, croyez-le. Comme si une veine venait de gonfler si rapidement le long de mon cou, vraiment vite, serrant ma gorge d'une pression incalculable. Que je le veuille ou non, une torsion musculaire m'afflige de ses caprices et je suis en litige avec mon propre visage quant à l'expression qu'il dégage. Si ma bouche est désormais verticale ce n'est pas mon choix. Si je peux enfin voir de quoi a l'air l'intérieur de mon crâne, ce n'est pas ma faute, c'est cette tension, cette torsion qui m'y force, qui me retourne les yeux sans me le demander. Mon coeur se débat contre l'attaque, je suis trempe comme un orage. Soudain des spasmes scapulaires surgissent de nulle part, puis j'ai les rotules qui partent dans tous les sens, c'est probablement ce qu'on pourrait appeler danser mais j'en suis peu certain.
J'ai le pelvis en crise, le bassin versant versé.
Cette tension maudite, qui me remonte les artères, j'ai pourtant l'impression de la connaître.
Ce n'est pas tout à fait un sourire, ni une douleur.
C'est une sorte de scissiparité, un division de moi-même, face à l'intrusion de mon domaine. Une étrange présence qui n'a rien d'animale, ni de végétale, rien de vivant tout compte fait. Pourtant, elle est tout à fait le contraire de la mort. «Si ce n'est pas la vie, qu'est-ce que c'est?» - vous dites. J'en sais rien non plus figurez-vous.
C'est peut-être une émotion, une réaction, une âme.
Selon ce que j'ai pu ressentir, c'est venu de par mes oreilles. C'est entré par là, ça s'est permit d'y pénétré sans m'avertir.
Un soubresaut et j'étais par terre étendu comme un chiffon. J'ai cru entendre le son d'une aiguille toucher le vinyle d'un disque. Et lorsqu'elle s'est frottée au plus creux du sillon, j'ai imaginé les câbles frissonner au passage de ce qui allait ensuite traverser les boîtes de son. Ces dernières ont dû vomir de bonheur à l'éructation divine du viol agréable qui m'engourdit ensuite les nerfs dans un calme et une sérénité provocante. J'étais sans doute proche du trauma.
Ce n'est que bien plus tard qu'on m'a expliqué que ça s'appelait le blues.
vendredi 1 juin 2012
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