vendredi 15 août 2014

Du sirop pour mon rhume

La musique a débouché mon nez comme un sirop pour le rhume.
J'étais assis, première rangée, la table juste en avant des caisses de sons. Le chanteur avait pesé sur le piano, tout doucement. Mon mal était parti, mes reniflements, mes joues pluvieuses avaient séchées, prises par le vent des rumeurs. Il chantait comme un vieux disque, il se balançait sur son banc de bois en pressant ses pieds sur les pédales. Il laissait résonner le son plus loin que ce que la grange pouvait se permettre de résonances. Ça coûtait cher d'écho, on manquerait de sustain avant la fin de l'hiver mais au moins on aurait un belle sourdine neuve pour couper la note, une fois la fin venue.
Il chantait comme un vieux disque, plein de poussière en plus. Sa voix cassait comme de la porcelaine au plancher. Elle coupait la mousse de ma bière, elle dévissait lentement les visses qui rattachaient les poutres de la bâtisse ensemble. Tout aurait pu s'effondrer, en pleine campagne, personne n'aurait entendu et ç'aurait été parfait comme ça. Nous aurions pu mourir heureux d'avoir été les derniers à entendre la voix de cet ange morose et à voir les soubresauts intraveineux du folk lui sortir des doigts, lui donner cette agilité à passer d'une corde à l'autre par dessus la caisse usée de sa guitare, tout en chantant nombre de mots.
J'aurais tout donné pour qu'il soit bientôt voisin, l'entendre jouer la nuit, mon corps collé au mur pour faire l'amour aux vibrations. Sentir les basses du piano me chatouiller le bout du nez. Finalement m'endormir dos à dos avec les ondes, dans la chaleur et la sueur de la joie.
Depuis, j'ai compris que si je pouvais un jour être amoureux de nouveau, ce serait avec cette musique et rien d'autre.

mardi 12 août 2014

Fraterniser avec l'ennui

Fraterniser avec l'ennui
À force de rembobinages
Des p'tits souvenir sur le 10 pouces
Qui me patrouillent comme une milice

Les grands chevaux font face aux vents
Me traînent par terre, nu dans la brousse
La pire traitresse c'est cette terre
Qui me salit à chaque jour

Sur les départs et le salut
Des équipiers qui lâchent tout
Qui lancent au loin leur moindre doute
J'en bave j'en mange j'exagère pas.