Fraterniser avec l'ennui
À force de rembobinages
Des p'tits souvenir sur le 10 pouces
Qui me patrouillent comme une milice
Les grands chevaux font face aux vents
Me traînent par terre, nu dans la brousse
La pire traitresse c'est cette terre
Qui me salit à chaque jour
Sur les départs et le salut
Des équipiers qui lâchent tout
Qui lancent au loin leur moindre doute
J'en bave j'en mange j'exagère pas.
mardi 12 août 2014
dimanche 11 mai 2014
Ze rêve

J'ai eu tellement de questionnements ces temps-ci à propos de mes besoins, de mes raisons de vivre. Ça s'adonne que j'en ai pas tant que ça. Pas mal moins que j'pensais pour dire vrai. Ça va sembler simple si je les énumère. Ça va sembler court. Peut-être, mais ce qu'il faut savoir c'est que dans cette liste de belles choses se trouvent toute la profondeur de mon être. Toutes mes motivations, ma bonne humeur, mes sourires mes rires mes joies. J'dirais qu'il y a aussi de la tristesse, veux veux pas, y'en a dans à peu près tout. Par contre, j'avoue être aussi surpris que toi en t'affirmant tout de suite qu'encore là, y'en a pas mal moins que j'pensais. Pis ça fait ben mon affaire.
J'suis jamais chez nous. Sur la route, dans mon char, le moteur éteint, la radio qui parle et qui se dissipe dans le vent avec la boucane et son odeur. Dans l'stationnement d'la shop, parké en dessous des arbres, j'entends les branches craquer derrière dans le fossé qui sépare la gravelle et l'herbe. Un fossé plein d'esti de cochonneries. Sérieux c'est dégueulasse. J'suis certain que si on creusait, dix pieds de terre, on trouverait encore des butchs de toppe. Les musiciens qui viennent ici c'est une gang de fumeux de clopes. Une grosse gang de mottés. Y'en a des pires que d'autres tsé, des crottés, des pouilleux, des buzzés, des pardus, des mongoles à batterie, c'est comme dans toute, tsé y'a plein de sortes de chips, y'a plein de sortes de monde. Moi j'aime ça quand sont pas là. J'aime ça être tout seul dans la bâtisse. Après une demi-heure trois quarts d'heure, j'ferme la radio. J'sors dehors, j'm'assois sur la table à pique-nique, j'finis ma bière tranquille, pis j'rentre en d'dans. C'est niaiseux, mais j'pense que c'est ça que j'aime le plus de jouer de la musique. Faut s'préparer.
C'est important de se préparer. Vraiment important. Parce que si j'arrive au local, que j'commence à jouer, pas prêt, j't'énarvé, ça sonne moins. Y'a même des fois qu'ça sonne pas pantoute. Mon père me disait toujours, dans un contexte de discipline, que ce soit la musique ou le patin de fantaisie, y'a deux types de "performer". Y'a ceux qui sont prêts et ceux qui se préparent. C'pour ça que c'est important, vraiment important de se préparer. Parce que quand c'est l'temps de jouer, si t'es pas à 100% prêt, t'auras jamais 100% du succès que tu mérites.
Y'a rien de mieux, rien qui me donne autant de satisfaction, qu'une toune qu'y'a rentré en tabarnak. Quand tu pars à rire à la fin du dernier chord, pour aucune raison, parce que ton corps te dit de rire, parce que c'est une montée de bonheur dans l'cerveau qui fait exploser ta yeule avec un sourire innocent. C'est tellement l'fun, c'est la plus belle affaire qu'y'a pas. Voir dans les yeux de tes chums que vous croyez en les mêmes choses, que vous êtes là pour travailler ensemble, pour faire quelque chose de beau en criss. Faire dequoi qui va faire dire "ayoye" qui va faire dire "voyons donc". Moi ça m'fait dire j'ai hâte. J'ai hâte de recommencer, de la rejouer cette toune là qui m'fait vivre, qui m'fait passer à travers le temps plus vite que n'importe quelle osti de fusée.
J'suis certain que y'a du monde pour qui c'est la même affaire, mais avec autre chose. Y'en a que c'est cuisiner, y'en a que c'est lire des livres, regarder des films, voyager, écouter disques, s'asseoir au théâtre, classer une collection de roches, jouer au Parcheesi, s'toucher dans douche. C'est ça qu'y'est merveilleux au fond.
Le best c'est quand, comme moi, t'as trouvé du monde avec qui partager cette chose là. Le mieux ce serait d'en vivre, de pouvoir oublier tout le reste et juste faire ça, jouer d'la musique j'parle. C'est ça, ze rêve. J'pense que ça peut pas être plus clair.
samedi 11 janvier 2014
Reviens ma douce

Je sais quel bien réside en cet espoir que j'ai de te retrouver. J'ai pu goûter à ce sentiment de revenir en vie. J'ai touché un instant à cet amour intemporel.
Je l'ai gaspillé.
Je sais que te revoir me sauverait la vie. J'ai peut-être eu l'esprit bien las pendant quelques temps, mais même après toutes ces années, je peux dire avec certitude et sincérité que si tu restes hors de ma vie c'est que vraiment le bonheur est derrière moi.
Jamais mon coeur, dans cet état, pourrait laisser entrer quelqu'un. La chambre est peut-être réellement vide, mais tu es encore là. T'es sur les murs, les cadres et les peintures, dans toutes mes notes de musique, t'es dans chaque bon repas, dans tous les maudits films d'amour.
Je pense toujours à toi. Reviens ma douce, reviens doucement.
dimanche 5 janvier 2014
Cleveland

J'ai pris ma femme dans mes bras
Fort comme à ma dernière heure
La foule faisait lever le sable
La poudre sous les projecteurs
Tout était flou même le tableau indicateur
Les chiffres clairs dans les nuages
Sous le tonnerre, les confettis
La télé rejouait les images
Celles du plus beau jour de ma vie
Parmi les fous sur le terrain
Riaient beaucoup de mes amis
Ceux qui ont joué pour les indiens
Ceux qui comme moi ont tout donné
Pour à jamais graver l'histoire
Pointant le ciel, un doigt levé
Criant Cleveland c'est la victoire
Cleveland nous l'avons remporté.
samedi 28 décembre 2013
Nebraska

J'ai joué quelques chansons assis sur mon fauteuil, j'ai chanté tous les mots comme il le fallait, d'un trait et sans recommencer, laissant vivre les défauts, les imperfections, car je sais qu'au fond c'est très charmant. Ce sont de récentes compositions, même si la musique n'a rien de nouveau, rien d'avant-gardiste. Ce sont des mélodies qui furent peut-être déjà pensées, entendues même. Ça ne m'affecte pas parce que ce sont les bonnes, celles qui vont de paire avec les accords sur lesquels elles se couchent. C'est un couple que j'ai réuni après que plusieurs aient tenté de le séparer. C'est un couple simple, naturel, comme des amis de longue date qui s'embrassent pour la deuxième fois. Tout comme la première fois, it seems so right. La seule différence réside en ce soulagement d'enfin recommencer.
J'ai tout enregistré sur un film qui tournait silencieusement dans sa machine. J'ai réécouté mes chansons et ça m'a fait pleurer parce que je sais que jamais je ne pourrai les rejouer comme je l'ai fait durant ces instants précieux, captés sous le crépitement de la bobine.
mardi 17 décembre 2013
Le vieil amour

Toi ma torture intraveineuse
Doux antidote fugitif
Mon temporaire amour
Trouble lointain intermittent
On t'a saucé dans l'éphémère
T'a peint d'une fugacité
Sur des couleurs instables
Tu chutes en de très beaux lapsus
Tu passes par les faux-fuyants
Où sont sifflées les chanterelles
Si tu pouvais partir d'ici
T'irais sur une exoplanète
J'ai levé toutes les percalines
J'aurai tourné toutes les pages
Jusqu'à épreindre ma mémoire
Ne cessant de t'imaginer
Pour que tu ne puisses disparaître
Penser à toi jusqu'à me perdre
Jusqu'à briser mon coeur gélif
Qui dans le froid s'est laissé prendre
Une fesse une fesse

Je suis sur un viaduc perpendiculaire aux vents. C'est souvent comme ça, les camions passent sous mes pieds. Ils tirent des cargaisons de boîtes, des meubles, des chaises sur lesquelles personne ne s'est encore assis. Des animaux qui s'en vont mourir, des animaux qui s'en vont tout court pis des animaux emballés genre du jambon à l'érable. Peu importe ce qu'ils tirent dans leur ventre, ces camions là ils tirent aussi le vent. Ils percent la couche d'air froid, compacte mais fragile comme une vitre givrée et mon poing qui se coupe en la cassant parce que j'suis fâché. C'est une masse qu'on peut sentir, tu sais, quand ça sent l'hiver, on le sait tous que ça nous rend tristes. Nous sommes tous tristes et c'est pour ça que nous nous rassemblons. Il fait bon d'être tristes ensemble, ça nous rend heureux et on se garroche des pintes de bières dessus nous sommes mouillés et soûls j'adore nous voir dans le miroir derrière le bar, échevelés écrasés sur les tabourets, les pieds qui puent les manteaux qui sèchent et nos nez rougis les lueurs de chandelle qui éclairent notre morve. C'est formidable, je nous aime lorsque nous sommes ainsi.
Je suis sur le viaduc perpendiculaire au vent. Les camions tirent et je reçois la draft en plein visage. Je suis certain que vous avez déjà pensé à quel point le froid le plus froid se rapproche du chaud le plus chaud. C'est une brûlure. La seule différence c'est son odeur.
Pendant que j'ouvrais la bouche pour chanter, ma joue s'est fendue comme un glaçon dans une soupe lipton. Elle faisait le pare-brise depuis que j'étais descendu de l'autobus. J'avais chanté c'était de trop. Une harmonie haute et puissante, sur le pont de l'autoroute, là où personne ne peut entendre toute la beauté de mes syllabes. Je veux chanter toujours tout le temps même quand je marche dans la rue, près des maisons des gens qui dorment, qui vivent le jour quand moi je dors. Je veux chanter de tout mon corps, faisant des gestes comme les vieux chanteurs pour illustrer ce que je chante avec mes mains comme quand je les mets sur mon coeur en chantant je t'aime. Ça illustre l'amour que j'ai chanté, je suis sur que vous comprenez. Je tends mes mains vers la lune je lui parle de cette femme qui m'a blessé que j'ai blessé que je ne semble plus connaître ça fait longtemps que nous nous sommes aperçus. Je chante en regardant le ciel comme si c'était elle, comme si un satellite pouvait lui transmettre tout mon ennui et mon désespoir de lui parler, comme si elle ne dormait pas. Je suis quétaine. Nous sommes si différents.
J'ai de la neige jusqu'aux genoux je gèle et encore j'ai hâte d'être loin d'ici. J'aimerais qu'une nouvelle femme me garroche une pinte de bière. J'aimerais qu'elle soit si différente des autres femmes qu'elle me fasse oublier que je m'ennuie. J'aimerais qu'elle soit assise tout près de moi ou sur le même tabouret, une fesse une fesse on serait ensemble, inconfortables mais ça ferait rien, on s'engourdirait pour oublier qu'on a mal dans la craque et à cet instant on s'en foutterait parce que c'est ce qu'on aurait voulu depuis longtemps. Je sais que c'est bien ce que je veux, je veux m'asseoir tellement mal pour être si bien en même temps. On pourrait débouler les escaliers et rire en bas, faire des anges de Noël dans nos flaques de sang. On pourrait le recueillir pour peinturer, ce rouge est un si beau pigment.
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