lundi 6 mai 2013

Clare Torry morose salope


J'entends j'écoute dans l'air siffler le battement d'aile de la musique du sud. C'est une chanson pure et paisible qui me tourne autour subitement dans le temps d'une repousse, quand mûrit le pollen enfouit au fond des couloirs de vie, corridors de sève, quand la fleur achève sa construction, s'ouvrant belle et sincère comme un organe féminin. Ce miracle du printemps, ce sacre, il s'accomplit en toute patience, dans la douceur d'une fin d'hiver, dans la quiétude d'une délivrance. La fleur se disperse, s'abandonne aux chevilles de plusieurs butineurs sucrés, de quelques bestioles pointues qui vous arrachent le coeur pour en extraire le miel. La fleur écorchée elle a sommeil. Elle s'est tordue les jambes ouvertes dans un élan de passion brute, elle s'est foulé l'orteil sur un clou de la vie qui ne pardonne pas. Ça lui pique la fleur ça lui brûle. Elle pâlit la fleur elle sèche et durcit, plus tard elle est par terre tombée, dans un livre de couleurs à inventer. La musique me tourne autour la musique se place droit devant moi, m'humidifie les yeux de son regard serein. Je faibli je danse je suis un effort cadavérique, un spasme de vivre, un spasme de me réveiller, une crise de résurrection. J'arpente les monts sauvages et hostiles de la matinée, là où la rosée est chaude comme sueur de femme. J'y trouve des passages entre les murs, des failles, des vallées, des ouvertures en flanc de montagne, dans lesquelles je m'enfonce telle une aiguille sur un sillon, j'ai le courage d'un cavalier, peur de rien même de la mort. Je suis comme la fleur je suis piqué. À la merci des vibrations, des ondes météores qui m'étripent comme des serpents, j'avance secoué à travers la mêlée de soubresauts. Je resserre le bandeau qui m'encercle la pensée, je le noue fort pour m'assurer que rien ne sorte de là. Mes idées sont sales et négligées, je les couvre de mensonges pour les camoufler, déguiser mes intentions pour leur faire dire de belles affaires, pour faire chanter une libertine sur un record de jazz doré, qu'y aurait calmer les hommes en '72.

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