lundi 22 avril 2013

Le vrai nom de la lune


J'ai les mains gelées et j'écris tout ça en ne sachant vraiment si j'aurai l'occasion de me relire, qui sait, peut-être déjà mordu par la ténacité de l'engourdie.
J'essaie de me rappeler de mes idées autrefois si blanches tandis que j'écris le mal qui dans mes neurones aura bientôt élu domicile. Et je me souviens.
Je me souviens que je pensais à cet ange suspendue aux balcons des étoiles. Et elle explosait comme les astres. L'idée que toutes ces lueurs ancrées au dessus de moi soient très loin là bas, en train de s'éteindre, en train de s'effacer de la carte du ciel, m'est venue en tête et je ne saurai comment expliquer qu'elle m'eut autant ému. Je pleurais en silence la perte de ces déesses éclatées qui tant de fois ont veillé sur moi. Je montais les yeux en leur firmament, et je les fixais curieusement. Elles furent mes nourrices, à longues inspirations de magma en fusion, lait maternel de ces lunes d'autrefois. Après un moment, je levais les doigts vers elles, je fermais l’œil droit pour mieux viser leur trajectoire, pour me saisir de la grande femme. Ce pâle soleil de cendres et de poussière, il n'explosait plus. Cette lune qui est la nôtre, elle n'est plus vierge, j'y ai posé mes doigts et l'ai caressé doucement. Blanche comme la peau d'un sein, je m’allaitais à ses cratères et les embrassais lentement.
Le lait des étoiles, aussi exquis soit-il, est un fort poison mortel. Je l'ai bu trop longtemps, j'en souffre aujourd'hui.
J'ai blotti ma tête entre les seins de cette femme qui brille au ciel, et mon visage clair refléta ses rayons de paix sur le pavé de la passerelle, pour faire partir la peinture noire loin de sur le dos de la nuit.
Au fond du corridor, j'ai vu une sortie. Une frêle ampoule rouge brûlait tout près de là. Quand j'ouvrai la porte métallique, je vis se dérouler au devant un tapis d'herbes finement coupées, lisses et blanches comme de la soie. J'y fis un court chemin. J'entendais là des voix rauques et tranchées de fatigue me chanter des choses menaçantes, de vieilles chansons françaises en écho sur les falaises de l'ennui. J'entrai dans une sorte de cimetière, duquel sortaient çà et là de très hauts tombeaux. Semées en ligne droite dans l'herbe blanche, alignées comme des arbres de plantation, les pierres tombales semblaient toutes plus transparentes les unes que les autres. D'étranges diamants sans épitaphe qu'on avait mit là en attendant.

Je sentis soudainement ma peau tomber, glisser le long de moi comme une goutte d'eau. Je voyais sur mes jambes gonfler des bulles de gaz. Mes veines brûlaient tandis que de ma bouche s'échappait une nue de buée. Le poison entrait en moi comme on entre dans une taverne. Il me buvait toute ma santé, à chaque toast de victoire. Mes poils devenus des flammes flottaient sur le pétrole de ma peau. Un orgue jouait un requiem, l'hommage qu'on rend aux éperdus. Tandis que je voyais mon corps périr, je m'enfonçais dans une flaque. Une flaque de moi, de ma lente éruption. L'herbe blanche flambait aussi, allumée par ce lac de destruction. J'étais sinistre, j'étais funèbre. Sur le sol du cimetière, canevas de mes éclaboussures, je faisais attentat à la paix opaline des sépultures.
Et quand enfin je vis la mort venir, elle me tacha avec son pinceau, elle écrivit sur mon crâne des mots à l'encre de sang que je lus en reflet dans sa faucheuse de platine.
C'était le vrai nom de la lune.
C'était ton nom et je mourrais.
Dans ce cimetière étaient enterrées les étoiles, celles qui avaient terminé de vivre. Celles qu'on ne voyait plus depuis longtemps.
Le vrai nom de la lune, c'était ton nom et je mourrais, sur cette terre trop dure pour que vraiment je ne m'endorme.

dimanche 21 avril 2013

Sthétoscope

Yorke et moi dans l'encre chinoise
John et moi dans celle des pieuvres
Se remplacer les amours le crochet dans l'ventre
Regarder mourir les coups de téléphone

Je te pénétrerais au sommet du monde
Jurant à mort sur toutes les justices
Sur tous les cadavres auxquels je tiens
Qu'en toi repose ma subsistance

Même si j'achève de démanteler
Les parts de moi qui seules s'entêtent
Je cristallise en attendant
Qu'enfin s'annule l'horizon

Quand d'un côté de cette route
Le blé se mêle aux cannibales
De l'autre s'éteignent les engrenages
On barre les portes de l'église

À quelque part dans la parade
Tu marches, tu traînes le pied
Il y a la foule qui te rattrape
Et je te guette et je te chasse

S'exercer à voir les rutilances
À occuper les chambres d’hôtel
Pour s'embrasser l'aurore venue
«Et repartir».

vendredi 19 avril 2013

le "best of" bleu marin ferait l'affaire

Des vagues et des ondes
filets d'écailles et de vantouses
les coraux sauvages s'éperdent en nous
tentacules venimeuses de l'acide
ces montres sous les tapis
De verre trempé et de radeaux
J'y suis allé dans mon coeur
Donc j'y suis allé
et chanter pour de bon
dans les échos de l'abribus
penser quitter ce nid de fous
qui rampent pour se cacher du monde
qui creusent pour échapper au sort
Ces bêtes d'ombres et de dangers
Elle marchent parmi mon corps
Ces meutes pesantes elles me traversent
Les coups de requins-marteaux
résonnent entre nos carapaces
prises dans les algues au fond du lac
Ma vie se noie dans la folie
Dans l'insomnie de mes pensées de toi
Dans les mains moites de mendiants
Mendiant d'amour crache sur l'argent
chercheur de temps mangeur de vers
Colibrium de liberté
Mesure le pouls de l'océan

J'neckerais encore sur les Beatles

Danser en silence sur la plage de pixels
Au rythme des craquelures sillonneuses
Se piquer pour trouver le sourire
Et la caresse des méduses
La tête penchée de droite à gauche
Dénudé de toutes les malices
Crachat sur les instants magiques
Tout sera banal même ce baiser tranquille
Après la danse sur le balcon
Avec la langue bien doucement
Toucher la volupté des astres
Comme une science de la façon
Une expérience de p'tit garçon
Encore une fois chanter très haut
Le bonheur d'avoir touché le fond
Se délecter des résonances
De sa voix muant en échos
D'Paul McCartney en stéréo
Une cigarette pendant Blackbird
En r'venant d'une game des Expos

lundi 15 avril 2013

Tes tounes préférées

Pis quand j'repense aux connections
J'voudrais qu'on s'colle sur de la prose
J'irais soupirer sur ta nuque
Qu'j'voudrais qu'on l'fasse dans toutes les poses

Pour que tu penses que c'est l'bon vent
Qui te chante tes tounes préférées
Qui souffle sur ta peau mouillée

On s'crissera tout nus dans piscine
Jaser de nos histoires de têtes
Des malheurs qui sont arrivés
Ben ben avant qu'on s'mette à s'voir

Ça donne le goût d'fumer
Qu'ça vaille le coup de s'exiler
Ça donne le goût d'avoir une blonde
Qui file que j'file pour m'défiler

jeudi 11 avril 2013

Passe-Partout


et les doigts me font mal
à force de me retenir
de ne pas toucher la gerbe
qui me cuit au visage

et ça y est je succombe
j'en prends quelques bouchées
ça goûte le sel et l'hécatombe
les milliers de vaches entroutcutées

et ça goûtait la plotte au ketchup
les rasades de bière flatte
puis l'amertume de dèche vieillie
ça m'écorche la peau jusqu'au calcaire

se gaver de gerbe comme un vrai hippie sale
comme si j'étais tenté par la crasse
d'une vieille chatte enrhumée
à qui on aurait par deux fois déchiré l'hymen

donc je me noie dans la honte diète
qui pétille sur moi sa coutellerie d'argent
vingt piastres dans craque pis trente piastres de crack
j'me crosse sur passe-partout ça fait sortir le méchant

vendredi 1 mars 2013

ashes of american flag

All my lies are always wishes
I know I would die if I could come back new