dimanche 27 novembre 2011

L'ivre bateau et le couteau froid



Gratte moi le cervelet, avec un râteau en métal. Écorche moi les nerfs et tords moi les cheveux, lave moi la langue et débouche mes narines. Les bulles sanguines qui s'y forment me gênent un peu, dans la mesure où tout ceci est diffusé à travers les réseaux pervers et sociaux.
JE FUME MES TRIPES ET JE FUME MES JOURNÉES. JE FUME TOUT LE TEMPS ET JE FUME POUR ME TUER.
J'ai envie que tu pisses des larves.

Scellez moi les plaintes parce que mes lignes ne répondent plus.
La folie m'emportera bientôt et j'espère qu'elle n'amènera rien avec moi.
Ni toi, ni quelconque autre objet.
Je me trompe surement, mais je pense savoir quoi faire ici.
Et c'est probablement tout sauf vivre l'heureuse prophétie, ou la providence de mes deux.

mardi 27 septembre 2011

Sa mère

J'suis égoïste, inconscient, et épais.

J'essaye tout plein d'affaires, j'essaye d'avoir l'air fin, de progresser.
J'm'écoeure moi-même. Mes études me grugent et me prennent, me pitch de tout bord tout côté. J'les fais, pis j'sais que j'les fais pour presque rien. J'me dis que si t'es fier de moi c'est correct, j'vais continuer même si j'sais pertinemment que quand j'aurai fini, j'vais avoir un bout de papier. Rendu là, restera plus qu'à me torcher le cul avec. J'les ai abandonné l'an dernier, j'ai rien trouvé de mieux, j'y suis retourné cette année. J'trouve pas ça tant mieux. Un peu, j'ai mes chums avec moi. Mais j'sais jamais si j'aime vraiment ça.
C'est bizarre, y'a ben des choses que j'sais que j'aime vraiment.

J'aime l'odeur des saisons, j'aime le vent qui contourne mes lunettes soleil en vélo, j'aime les tapis arabes, la peau de vache sous mes pédales de guitare, les choses anciennes et celles qui sentent le vieux, j'aime le carton vieilli qui recouvre mes vinyles grafignés, j'aime m'asseoir sans bruit, j'aime les lueurs orangées, j'aime le craquement des feuilles d'automne quand je les piétine doucement, j'aime jouer de la guitare sur mon lit le moins fort possible, j'aime m'imaginer devant des centaines de visages stupéfaits, j'aime les saluer et leur dire merci, j'aime les artistes incompris, j'aime faire exprès d'être toujours différent, j'aime la peinture, le thé, j'aime l'odeur du tabac, des fois on dirait l'odeur des raisins secs, j'aime la musique espacée, le silence surtout, j'aime les grincement de portes, les fenêtres qui s’embuent, les dessins dans la buée, j'aime la neige dans mes cheveux, j'aime les films plus vrais que la vraie vie, j'aime les petits détails qui font de la vie plus qu'une bête histoire de péripéties, qui en font un livre de beauté et de moments précieux. J'aime ma famille et mes amitiés.

Cette semaine j'ai recommencé à ne plus dormir, j'sais pas ce que j'ai. Tu sais très bien que chez moi c'est maladif. Quand j'dors pas, ça va mal.
J'ai peur que ça me rattrape plus tard.
J'pense beaucoup. J'ai pas mal d'idées, de grands projets qui me rendront tous aussi pauvre les uns que les autres. Des voyages, des rêves, ouvrir un magasin de disque indépendant, ouvrir un café, un bar spectacle, j'sais pas. Partir en tournée dans une vieille van qui fera pas l'hiver. Jouer dans l'métro pour une couple de piastres, m'acheter une liqueur pis l'regretter quand y'en a pu.
Vendre mon char, acheter une guitare, une bague de fiançailles pis chanter mon amour.

Là j'écoute Vollebekk, c'est beau, pis j'pense à toi m'man. J'm'ennuie d'toi, Pis dire que tout ce temps là j'ai encore juste parlé de moi.
Garde donc ça comme j'suis pas bien. J'aurais dû fermer l'ordi, anyway y'a pas grand monde qui vont lire ça mais j'sais que toi tu vas l'faire. J'aurais dû aller m'coucher, ou t'appeler, pis t'écouter m'parler. C'est ça j'aurais dû faire.

jeudi 23 juin 2011

C'pour ça que j'la suis.


Tabarnak! Ferme donc ta yeule, calice! Pourquoi j'agis de même? Tu te demandes pourquoi j'fais ci pis ça? T'as vraiment pas d'idée, même pas une p'tite idée de rien? Tu l'sais aussi bien qu'moé! Faque arrête donc tes hosties de niaiseries, ferme la porte, pis assis toé su' ton cul deux secondes, laisse moé t'dire des vraies affaires.
Hostie j'en r'viens pas...
Écoute p'pa, chu pas fou, chu pas un christ de bum, y m'semble que j'vaux mieux que ça.
Y m'semble qu'après toute ma vie, après les années passées, y m'semble que tu pourrais tirer un meilleur jugement de ce que j'deviens.
Chu pas pour me laisser piler sué pieds! Chu pas pour me laisser parler d'même, me faire dire toutes sortes de menteries pis d'noms, par un insignifiant qui lui se les serait laissé dire! Tu m'suis tu?
Chu ton fils, t'es supposé être fier de moé. Je l'sais, j'étais un p'tit arbre, pis toé le cadre ben solide qui m'empêchait d'pousser tout croche. Mais là l'arbre y'est rendu trop grand pour le cadre. Tu comprends-tu?

Je l'sais que j'ai pas une maudite cenne, chu pauvre que l'christ, pis j'chierai pas loin c't'été avec mon p'tit change. J'va surement finir aussi à sec que la tinque à gaz de mon char. Mais j'sais que mes doigts peuvent me mener plus loin que mes jambes, pis j'sais que mes jambes peuvent me mener plus loin que mon char, pis j'sais que ma tête peut me mener plus loin que mes doigts. Chu pas fou, chu pas un christ de bum. Y m'semble que j'vaux mieux que ça.

Je l'sais que chu pas souvent par icitte. Chu souvent parti.
J'veux voir le monde, j'veux voir ailleurs. J'veux voir le sable pis l'soleil, j'veux voir ma blonde, pis la mer.
Quand même que j'décrisserais à l'autre bout du continent, tu penses-tu vraiment que j'vous oublierais, toé pis m'man? J'veux pas être fou, être un christ de bum.
Tu t'rends tu comptes que j'vaux mieux que ça?

C't'avec elle que j'veux vivre ma vie. C'est la plus belle femme du monde, c'est celle que j'aime.

J'm'en va p'pa, j'm'en va pour de bon, ben loin, pour un boutte. Moi pis elle, ben ben loin, où s'qui fait jamais frette pis qu'y pleut pas souvent. J'ai fait mes valises, sont déjà dans l'char. J'compte revenir quand j'aurai trouvé la paix. C'pour ça j'dis qu'ça va prendre un boutte.

J'avais déjà vu la mer, mais la vraie mer, 'est dans ses yeux.
C'pour ça que j'la suis.

mercredi 8 juin 2011

Ma clope dorée


De la boucane dans les yeux, de l'or dans ton sang.
Ma gorge sèche et tranchée par le cri des alouettes.
J'te vois par le châssis du salon et je sais
que si j'étais mineur c'est toi que je piocherais.

dimanche 5 juin 2011

Chansons pour tes yeux


On prend le frais sur les balcons, mais
surtout la fuite.

lundi 18 avril 2011

Les cierges mourants


Même si j'y crois pas.

Y'aura toujours en moi quelqu'un d'autre. D'autres moi, d'autres citoyens, des gens bien, cachés sous des rêves de veufs et de païens. Un garçon étendu dans les herbes hautes, laissant ses doigts ramper vers la douce contrée d'une hanche dévoilée, un homme grisonnant dormant dans les cheveux roux de sa femme, un chômeur nocturne au teint d'ordinateur, un musicien épuré, talentueux mais inefficace, un poète décrocheur sans crayon ni efface.

Ce soir, des cierges illuminent la pénombre qui m'empêche d'y voir clair. Je vous écrit une autre fois, sans savoir qui vraiment me lira, dans ma caverneuse chambre de bois qui un jour brûlera, enfin, je l'espère.
C'est pourtant moi, rêveur insatiable, qui ne pense qu'à la mer et à ma Jeanne. C'est pourtant moi, le sauvage, qui se baricade derrière ce mur de faussetés et de rires charitables.

J'envie le pêcheur et son départ, je jalouse le vent et la pluie car, finalement, je n'ai plus l'envie d'être ici. Un pied sur la grève et l'autre dans le fleuve, un dilemme me tracasse et me tord l'esprit. Non, je n'ai point honte de ma race, je suis en amour avec ma patrie.

Seulement, de l'autre côté du rivage, très loin des grands courants, là se trouve mon village.

C'est là.

Le café, la plage, le vieux phare et le cinéma...

samedi 20 novembre 2010

Le respire


Elle entre brisant le passage, forgeant sa réputation dans le chaud métal. Elle électrocute les parois, créant une attraction colonisatrice, l'envoyant nager dans la peine de centaines d'années. Elle passe plus vite que la brise et réchauffe mes doigts d'hiver, elle s'en va par delà les anches, vibrante, libre de revenir quand je l'aspirerai encore. Elle voyage sur les chemins de fer pour traverser les grillages, plonger dans les oreilles de cire et y faire la loi, percer les malheurs et le cartilage, abattant barrières et vitraux, piégeant les coeurs au lasso.

Avant d'être bleus, vous étiez sots.

Elle entre poussant les murs, pressée de naître, de trouver qui elle est ou qu'est-ce qu'elle est, de savoir quelle son elle fait quand elle se laisse parler, sortie du tunnel qui l'a retenu le temps d'un jamais. Elle s'est échappée du bayou sans cligner des yeux, directement aux prés, en haut des grandes collines d'espoir, là où ses ancêtres furent libérées, au creux d'un autre souffle qui leur aurait fait l'amour comme des esclaves savourant le pain du jour.
Ce n'est pas un message de bravoure, elle n'est pas porteuse de remède, mais l'harmonica est à l'homme ce que le temps est aux plaies.