mardi 18 juin 2013

Encore Mathilde


Tu me dirais que j'exagère
Quand je m'étripe dans l'engourdi
Mais j'fais pas ça pour manquer d'air
J'le fais seulement parce que j'm'ennuie

De toi pis de tes bonnes manières
De tes sparages qui twistent la nuit
Ceux qu't'uses pour me r'virer d'travers
Quand j'te dis "j't'aime à l'infini"

Je r'pense à toé su'l bord du fleuve
Qui pitch des roches dans le lointain
En s'en allant vers la Côte-Nord
Voir les baleines par le châssis

Une couple de bières dans chambre d'hôtel
Pour célébrer nos éloignements
De la grand' ville, des ouragans
Qui poussent à gauche qui tirent à droite

Encore, Mathilde

On sortira à la noirceur
Marcher su'l bord des chemins d'terre
Traverser l'fjord ça m'fait pu peur
Vu qu'tu m'as montré comment faire

S'quêter un lift jusqu'à la paix
Mathilde réchauffe les arrivants
Ceux qui comme nous sortent en retrait
Loin des rivages d'accablements

Encore, Mathilde

mercredi 12 juin 2013

14 avril 1969

J'étais arrivé au pied de la bâtisse le coeur mariné dans le dépaysement. Au loin derrière moi le ciel était brouillé d'un pâle orangé, noirci par la pureté de la campagne à quelques lieues de là. Tout autour, elles surplombaient, les tours de la fortune. C'étaient d'excellents repaires d'oiseaux qui par centaines venaient s'éparpiller sur ces belvédères, à regarder les hommes courir, à regarder les hommes frapper. On entendait en écho leur discret battement d'ailes envelopper les fréquences du haut-parleur projetant vers le ciel la voix électrique d'un commentateur. Dans l'escalier à l'entrée principale, ça sentait le maïs soufflé, la friture, les saucisses. Plus j'avançais, plus l'odeur de la bière et des bretzels salés m'assaillait et m'attisait. Les larges corridors étaient construits de murs en briques, et les planchers recouverts d'une couche vernis si lustrée que je me voyais marcher parmi le reflet des lustres accrochés çà et là sur les plafonds du labyrinthe. Ces chemins de miroirs semblaient me mener à une source. Un lac d'émotions formé d'un fort mélange d'appréhensions, d'amour, de patience et de fiertés s'écoulait dans les couloirs. J'étais dans les coulisses de ce qui me semblait être un bain de bonheur. Plus loin, une ouverture laissait entrer de la lumière au loin, une puissante brillance qui m'aveugla au passage. Une fois que je pu ouvrir les yeux, je découvris cet univers vers lequel la vie m'avait porté. J'étais à l'embouchure d'un long canal de suspense, qui débouchait dans un immense dôme illuminé, au toit décoré de bannières, d'hommages et de fantômes. La voix du commentateur résonnait encore plus fort dans mes oreilles, l'odeur de nourriture s'était dissipée pour laisser place à celles de la tourbe humide, de la terre battue, et soudainement, de l'effluve du tabac émanant du cigare d'un homme âgé fumant patiemment sur l'estrade. J'entrais ébloui dans ce sous-univers, ébahi devant sa grandeur, séduit par la confiance qui y régnait. J'étais candide et amoureux, j'étais naissant j'étais heureux. Dans le champ centre couraient des hommes empreints de passion, aux minces sourires adoucissants, comme s'ils rentraient à la maison. À l'arrêt court ils se lançaient, sous les pirogues les autres fumaient, en attendant que tout commence. J'allai m'asseoir près du bonhomme de l'estrade. Je continuais de regarder le monde quand l'étranger m'interpella.

"La saison sera difficile, n'est-ce pas, filston?" dit-il en se penchant vers moi.

Je lui répondis brièvement que c'était la première fois que je venais ici.
Il cligna des yeux, se redressa et sembla soudainement très confus. Comme s'il m'apercevait enfin correctement, il se leva très lentement en fronçant ses sourcils poivre-et-sel.

- Ne vous ai-je pas déjà rencontré quelque part, mon ami? me lança-t-il rapidement.

- Je ne sais plus, vous me paraissez familier mais je n'ai aucun souvenir que nous soyons présentés, répondis-je en hésitant. Mon nom est Jones. C'est étrange, vous m'évoquez la même chose que cette vision verdâtre au loin là devant, qui me rassure et me rend fier, comme un père dans la tempête."

- Enchanté, Jones. Content de te l'entendre dire, et je suis entièrement d'accord avec toi, ajouta-t-il en prenant par la suite une profonde inspiration. C'est le plus beau des endroits, je n'ai jamais envie d'en partir. Je voudrais rester ici, ne plus quitter cette atmosphère, cette paix qui plane dans l'édifice. L'odeur de l'herbe, celles du devoir accompli, des miracles et du tabac. Le son des fantômes qui sifflent entre les manches des mélodies de l'ancien temps, celui du claquement de la balle sur le bois ferme des bâtons. Le soir, lorsque j'entre dans ma voiture après la fermeture des portes et que je vois dans mon rétroviseur les projecteurs du parc s'éteindre les uns après les autres, Jarry devient tout aussi sombre que mon coeur.

Un silence s'en suivit, remplit par le crépitement satiné de quelques ailes de pigeon.
Je voyais tout près sur le côté Rusty Staub parler avec Sutherland, tout deux dans leur nouvel uniforme. Staub enleva sa casquette et gratta ses clairs cheveux roux qui semblaient presque blonds, puis regarda dans ma direction et hocha la tête quand nos regards se croisèrent. J'avais l'impression que ces deux hommes parlaient de moi.

- Ils parlent de toi, me souffla le vieil homme à mes côtés, une sorte de rictus accroché sur sa mâchoire.

Ça m'a fait rire, il savait tout. Il savait qui j'étais et pourquoi je me trouvais là.
J'avais traversé les frontières pour finalement voir ce que j'ai vu. J'avais quitté Atlanta les yeux fermés, et soudainement j'arrivai à Montréal sans m'apercevoir que ma vie était changée. Il marmonna en creusant mes pupilles de son regard cernant.

- Je suis Gene Mauch, ton manager. Ton uniforme est sous la pirogue. Habille-toi et je te présenterai aux autres joueurs. N'oublie pas ton gant et tes crampons, on commence dans une heure.

Je sorti une pomme de mon sac, et commençai à en trancher la pelure avec mon couteau suisse, j'en pris une bouchée en souriant. Je hochai de la tête tandis que Mauch fixait la lame qui retournait rangée, dans ma poche. Je lui tendis un morceau du fruit que j'avais découpé pour lui. Il le saisit entre ses doigts aux ongles rougis par la terre de son champ intérieur, la croqua lentement puis l'avala avant de recracher quelques écailles de graines de tournesol probablement restées dans sa joue. Jamais je n'aurais cru naguère pouvoir rencontrer quelqu'un d'aussi mystérieux. En s'essuyant le côté des lèvres après une bouffée de son cigare déjà aux trois quarts consumé, il m'interpella de nouveau avant que je ne m'en aille.

- Mack The Knife Jones, bienvenue dans l'équipe.

lundi 10 juin 2013

Michael Robartes et le Cygne domestique


Assis sur une marche dans l'escalier du portique, il en grillait une deuxième tandis que de l'autre côté de la fenêtre le fixait cette lune jaune. Les yeux de cratères plus sombres qu'à l'habitude guettaient tout de même la demeure prise en otage dans les bras de la nuit. Michael Robartes lisait des lettres dans la lueur d'une chandelle, son visage hâlé se reflétait dans la vitrine de la porte d'entrée. La flamme dansait sur sa tour de cire au rythme de la guitare du jeune prêtre qui jouait tout ce que ses visions lui inspiraient. Une femme dans une robe bleue s'endormait sur la chaise berçante qui grinçait encore au pied de l'escalier. Elle était éblouissante, d'une beauté aveuglante tout comme le feu de l'ampoule qui l'éclairait. Michael Robartes leva ses yeux malades de sur ses papiers.
"Et vous, mon père, pourquoi semblez-vous si solitaire ces jours-ci?" Le jeune prêtre continua sa balade en fredonnant quelques notes du bout des lèvres. Puis, à la fin de sa mélodie, il s'arrêta de chanter en laissant résonner son dernier accord de guitare dans l'écho de la cage d'escalier.

"Mon fils, je me confesse aujourd'hui. Je ne pourrai garder la tête droite encore bien longtemps, elle penche et s'affaisse dans ma confusion la plus profonde. Elle surchauffe quand je voudrais la garder froide. Mes pensées s'agrippent à mon coeur et mon coeur s'agrippe à l'amour. Je m'empêtre dans les avances de deux femmes qui ont semé en moi tous les mirages de la vie. Je rêve d'une les yeux ouverts, je rêve de l'autre les yeux fermés. Je ne dors plus, je n'ai plus soif. Je suis un oiseau sans voyage, un grand cygne domestiqué. J'ai peur que ces images ne me quittent plus. Il ne reste de lucidité en moi que ce cognac, et vous, Michael."
Robartes de répondre "Allons, curé, votre coeur est bon. Partez très loin, volez, maintenant."
Le prêtre déposa son verre et au dehors il vit l'herbe gelée briller sous les rayons de la lune. En bas, la chaise berçante cessa de grincer et dans le silence quelqu'un parla.

Au soleil levant, les rideaux habillaient le matin pendant que le vent soufflait la noirceur de l'autre côté de l'horizon, et sur la poitrine de Robartes perlait une chair de poule entre quelques égratignures, là où la brise l'avait violemment embrassé. Un silence perçant tassait la brume entre le fleuve et le rang. La soeur de Michael monta à l'étage et demanda si tout allait bien à travers la porte de la chambre. Elle attendit, en vain, pas de réponse. Ce n'est que le lendemain qu'enfin elle pu entendre de l'autre côté les pas discrets d'un léger danseur.

Elle alla s'asseoir sur le bord de l'étang, et on lui murmura que le sommeil des cygnes sauvages ne commençait pas par une chanson, mais par un soupir.



vendredi 7 juin 2013

Les résonances


Quand l'gars y part ça m'tue dans l'temps c'comme un coup de massue. Les timbres qui m'traversent, qui m'font la passe, un micro-onde qui chauffe à blanc comme une gifle comme un aveu. Et mon aiguille qui te voyage jusqu'au bout des pixels, jusqu'au bout de ton extrême, de ta pureté, de ta souffrance, de ta beauté incandescente. Cette aiguille rouge indique la force de tout l'amour que j'ai pour toi. J'voulais qu'ensemble on monte le son, qu'ensemble on élève nos états de vivre, qu'ensemble on regarde des souvenirs de quand nos ondes commencé.

Tout ce dont j'ai besoin, c'est d'un peu de soleil, de toi en plein dedans qui brille sur ma rétine. J'ai besoin d'un livre qui donne envie de tomber amoureux. De riches mots profonds de sentiments. De l'encre sur ta peau et du sel sur ton sein. J'voudrais t'acheter toute ta douceur. La carte d'appel de ton sexe, l'essoufflement de mes dépenses. Couché sur le tapis du salon qui gratte qui pique à chaque élan.

samedi 1 juin 2013

L'infini plus un


Je suis nuageux je suis respire je suis émancipé je suis jaloux je suis mauvais je suis jaloux je suis trouble et je suis mort, mort tué coupé mâché troué pilé gardé perdu au fond d'une cave amorphe d'une terre creusée d'une marre de tout ce que j'ai déjà été. J'suis doux l'été j'suis fatigué comme l'automne, le blé qui pousse l'horizon longue sua 138, l'île qui bouge qui dérive qui tire les hommes jusqu'aux rivages qui brise les chaînes de l'ancrage. Des maisons suspendues sur les nuages de la ville, des provinces mariées qui s'oublient en dansant très tard. Tout le monde a besoin d'un quelqu'un pour calmer son monde son son sont pas gênés les marmots sont soûls morts sont glés ben raide sont capotés dans tête c'est l'école qui les écorche qui les étire qui leur casse les côtes et les poumons avec des formules de cancer multipliées. Pris dans un arbre avec les coeurs-volants, y'a des fous qui me cherchent et qui se trouvent. Pognés au premier village entre les deux puits et la cabane du forgeron, on s'imagine une vie d'anciennes affaires et d'heures incalculables, des lieues à la place des kilomètres et des yeux perçants calqués en plein dans le coeur comme un poignard comme une lame de mille centimètres qui saignent dans l'aqueduc de mes veines. Le crayon sèche pu d'encre juste de la poudre fait longtemps qu'on a pas écrit ça fait un bail ça a séché ça a froissé les papiers au fond du tiroir sous les manteaux. Alors on crie et on submerge nos envies de tout dépêtrer.
Déraciné. Les hanches dans l'écorce. Les coudes au sol on rampe on se tiraille on s'éparpille.
Loin longtemps toujours à jamais infini plus un. Toute mais pas icitte.
Chez vous en toi dans ton toi-même chaud doux ambré comme la brunante comme la gorge d'un étourneau. Les oiseaux fous.
Tu m'travailles. Le sais-tu? Je plie comme une branche sous le poids de ta douceur.

mercredi 8 mai 2013

Le p'tit bonheur


Il arriva penché comme un homme ayant vu le siècle passer sur le coin d'une ruelle. Il se posa sur le sol et se priva de tout mouvement. C'était une bête qu'on aurait pu croire fragile, mais qui arborait un pif coupant tels les regards d'ancêtres, des griffes d'argent plus poignantes que toutes les peines d'amour. Il entrait sur les sentiers à la manière des aigles, le cœur en rage de paix, le ventre creux et ferme comme les églises, le thorax porté vers l'avant en guise de salut, les yeux braisés dans la misère, calqués dans le silence. Les ailes fines et longues, il s'avançait les exposant, un pas après l'autre, lentement et prudemment, vérifiant à chaque avance s'il allait enfarger du verre. Il s'en venait vers moi en fixant le ciel, sa patrie, son utérus indigo brouillé par l'orangé des lampadaires. Je me tenais prêt à la riposte, les foudres pouvant s'abattre sur moi plus pesantes qu'une forêt. L'oiseau était là devant, par terre au milieu du corridor végétal. Il s'était arrêté sur une pierre en marge du sentier, il me défiait. Il me méprisait pour avoir vécu toutes ces secondes mensongères. J'avais jeté sur lui un sort horrible, brûlant. J'étais les lésions de son sommeil, les plaies avares de son déclin, les incendies de son amertume. Je l'avais ramassé, il était cueillit, sauvé, nous nous étions partagé afin de mieux survivre.

Il fût si bon pour nous, il décima notre dépendance aux futilités et fît de nous de réels existants. Je me contentais de lui seul, car plus rien ne possédait d'importance. Il était là, je l'aimais et il m'aimait. Plus il vivait plus nous mourions. Il se posait sur les branches de notre boisé, il semait des bourgeons. De ceux-ci sont nés des fruits, mais nous en avons abusé, je lui ai trop souvent menti.
Il partit tôt un matin, et je le suppliai. Pourtant si belles, mes humeurs fondirent sous la chaleur de cette fièvre que nous avions apprivoisée, et je devins solitaire bien soudainement.

Son reflet me suivait où que j'allions, il se liquéfiait dans les larmes de jeunes filles, dans les fontaines claires au parc du village, dans les palettes de couleurs d'un peintre impressionniste esquissant le fleuve du belvédère. Son nom vibrait parmi les tours du vieux clocher, le vent soufflait ses initiales à travers mes couettes frisées. Et chaque fois que je l'entendais, je détournais vers le sentier. Je fermais les yeux en m’efforçant de ne pas m'imaginer le temps où lui et moi étions amis. Je rentrais chez moi dormir, avec mes deuils, mes peines et mes guenilles.
Et tout ce temps passé à l'attendre en aura-t-il valu la douleur? Si, je crois, même davantage.

Et ce soir il était là, dignement réparé, auparavant crocheté comme un bouleau, il se dressait maintenant plus haut, fort et sage comme le chêne. Malgré toute la colère prise dans son visage, je crus voir en lui une lueur, celle du pardon et de l'amour.
Il s'envola d'un bon inattendu, le tête au ciel.
Perché sur l'harmonie des corps célestes, il m'apprit à siffler juste, le concerto des oies de l'île cendrée. Nous chantâmes jusqu'aux moissons, jusqu'à ce qu'il doive enfin migrer. Partir vers d'autres paysages aux chaumières chaudes et éclairées. Il pourrait bien y rester, c'est le paradis, qu'on nous raconte. C'est car l'ennui le rend malade qu'il revient pourtant à chaque année, encore plus beau qu'à son départ. On sait toujours quand il arrive. Les arbres du pays accouchent les bourgeons et les roseaux percent enfin une couche de grève. Il est là, nous le sentons. Les villageois descendent voir la marée, s'attroupent pieds nus dans l'aube des vagues salées pleines de têtards naissants. Ils scrutent longtemps l'horizon, là où le ciel rejoint la mer dans un halo de longitude, ces grands bleus qui se submergent, qui s'entretuent comme deux frères. L'oiseau perce lentement la cape du brouillard, surgît du havre nuageux en sifflant la victoire, celle d'être enfin à la maison.

Il entre en nous pour nous sauver, comme je l'ai fait pour lui autrefois. Il nous guérit de la guerre, il nous enseigne, le p'tit bonheur.

lundi 6 mai 2013

Clare Torry morose salope


J'entends j'écoute dans l'air siffler le battement d'aile de la musique du sud. C'est une chanson pure et paisible qui me tourne autour subitement dans le temps d'une repousse, quand mûrit le pollen enfouit au fond des couloirs de vie, corridors de sève, quand la fleur achève sa construction, s'ouvrant belle et sincère comme un organe féminin. Ce miracle du printemps, ce sacre, il s'accomplit en toute patience, dans la douceur d'une fin d'hiver, dans la quiétude d'une délivrance. La fleur se disperse, s'abandonne aux chevilles de plusieurs butineurs sucrés, de quelques bestioles pointues qui vous arrachent le coeur pour en extraire le miel. La fleur écorchée elle a sommeil. Elle s'est tordue les jambes ouvertes dans un élan de passion brute, elle s'est foulé l'orteil sur un clou de la vie qui ne pardonne pas. Ça lui pique la fleur ça lui brûle. Elle pâlit la fleur elle sèche et durcit, plus tard elle est par terre tombée, dans un livre de couleurs à inventer. La musique me tourne autour la musique se place droit devant moi, m'humidifie les yeux de son regard serein. Je faibli je danse je suis un effort cadavérique, un spasme de vivre, un spasme de me réveiller, une crise de résurrection. J'arpente les monts sauvages et hostiles de la matinée, là où la rosée est chaude comme sueur de femme. J'y trouve des passages entre les murs, des failles, des vallées, des ouvertures en flanc de montagne, dans lesquelles je m'enfonce telle une aiguille sur un sillon, j'ai le courage d'un cavalier, peur de rien même de la mort. Je suis comme la fleur je suis piqué. À la merci des vibrations, des ondes météores qui m'étripent comme des serpents, j'avance secoué à travers la mêlée de soubresauts. Je resserre le bandeau qui m'encercle la pensée, je le noue fort pour m'assurer que rien ne sorte de là. Mes idées sont sales et négligées, je les couvre de mensonges pour les camoufler, déguiser mes intentions pour leur faire dire de belles affaires, pour faire chanter une libertine sur un record de jazz doré, qu'y aurait calmer les hommes en '72.