samedi 28 décembre 2013

Nebraska


J'ai joué quelques chansons assis sur mon fauteuil, j'ai chanté tous les mots comme il le fallait, d'un trait et sans recommencer, laissant vivre les défauts, les imperfections, car je sais qu'au fond c'est très charmant. Ce sont de récentes compositions, même si la musique n'a rien de nouveau, rien d'avant-gardiste. Ce sont des mélodies qui furent peut-être déjà pensées, entendues même. Ça ne m'affecte pas parce que ce sont les bonnes, celles qui vont de paire avec les accords sur lesquels elles se couchent. C'est un couple que j'ai réuni après que plusieurs aient tenté de le séparer. C'est un couple simple, naturel, comme des amis de longue date qui s'embrassent pour la deuxième fois. Tout comme la première fois, it seems so right. La seule différence réside en ce soulagement d'enfin recommencer.
J'ai tout enregistré sur un film qui tournait silencieusement dans sa machine. J'ai réécouté mes chansons et ça m'a fait pleurer parce que je sais que jamais je ne pourrai les rejouer comme je l'ai fait durant ces instants précieux, captés sous le crépitement de la bobine.

mardi 17 décembre 2013

Le vieil amour


Toi ma torture intraveineuse
Doux antidote fugitif
Mon temporaire amour
Trouble lointain intermittent

On t'a saucé dans l'éphémère
T'a peint d'une fugacité
Sur des couleurs instables
Tu chutes en de très beaux lapsus

Tu passes par les faux-fuyants
Où sont sifflées les chanterelles
Si tu pouvais partir d'ici
T'irais sur une exoplanète

J'ai levé toutes les percalines
J'aurai tourné toutes les pages
Jusqu'à épreindre ma mémoire
Ne cessant de t'imaginer

Pour que tu ne puisses disparaître
Penser à toi jusqu'à me perdre
Jusqu'à briser mon coeur gélif
Qui dans le froid s'est laissé prendre

Une fesse une fesse


Je suis sur un viaduc perpendiculaire aux vents. C'est souvent comme ça, les camions passent sous mes pieds. Ils tirent des cargaisons de boîtes, des meubles, des chaises sur lesquelles personne ne s'est encore assis. Des animaux qui s'en vont mourir, des animaux qui s'en vont tout court pis des animaux emballés genre du jambon à l'érable. Peu importe ce qu'ils tirent dans leur ventre, ces camions là ils tirent aussi le vent. Ils percent la couche d'air froid, compacte mais fragile comme une vitre givrée et mon poing qui se coupe en la cassant parce que j'suis fâché. C'est une masse qu'on peut sentir, tu sais, quand ça sent l'hiver, on le sait tous que ça nous rend tristes. Nous sommes tous tristes et c'est pour ça que nous nous rassemblons. Il fait bon d'être tristes ensemble, ça nous rend heureux et on se garroche des pintes de bières dessus nous sommes mouillés et soûls j'adore nous voir dans le miroir derrière le bar, échevelés écrasés sur les tabourets, les pieds qui puent les manteaux qui sèchent et nos nez rougis les lueurs de chandelle qui éclairent notre morve. C'est formidable, je nous aime lorsque nous sommes ainsi.
Je suis sur le viaduc perpendiculaire au vent. Les camions tirent et je reçois la draft en plein visage. Je suis certain que vous avez déjà pensé à quel point le froid le plus froid se rapproche du chaud le plus chaud. C'est une brûlure. La seule différence c'est son odeur.
Pendant que j'ouvrais la bouche pour chanter, ma joue s'est fendue comme un glaçon dans une soupe lipton. Elle faisait le pare-brise depuis que j'étais descendu de l'autobus. J'avais chanté c'était de trop. Une harmonie haute et puissante, sur le pont de l'autoroute, là où personne ne peut entendre toute la beauté de mes syllabes. Je veux chanter toujours tout le temps même quand je marche dans la rue, près des maisons des gens qui dorment, qui vivent le jour quand moi je dors. Je veux chanter de tout mon corps, faisant des gestes comme les vieux chanteurs pour illustrer ce que je chante avec mes mains comme quand je les mets sur mon coeur en chantant je t'aime. Ça illustre l'amour que j'ai chanté, je suis sur que vous comprenez. Je tends mes mains vers la lune je lui parle de cette femme qui m'a blessé que j'ai blessé que je ne semble plus connaître ça fait longtemps que nous nous sommes aperçus. Je chante en regardant le ciel comme si c'était elle, comme si un satellite pouvait lui transmettre tout mon ennui et mon désespoir de lui parler, comme si elle ne dormait pas. Je suis quétaine. Nous sommes si différents.

J'ai de la neige jusqu'aux genoux je gèle et encore j'ai hâte d'être loin d'ici. J'aimerais qu'une nouvelle femme me garroche une pinte de bière. J'aimerais qu'elle soit si différente des autres femmes qu'elle me fasse oublier que je m'ennuie. J'aimerais qu'elle soit assise tout près de moi ou sur le même tabouret, une fesse une fesse on serait ensemble, inconfortables mais ça ferait rien, on s'engourdirait pour oublier qu'on a mal dans la craque et à cet instant on s'en foutterait parce que c'est ce qu'on aurait voulu depuis longtemps. Je sais que c'est bien ce que je veux, je veux m'asseoir tellement mal pour être si bien en même temps. On pourrait débouler les escaliers et rire en bas, faire des anges de Noël dans nos flaques de sang. On pourrait le recueillir pour peinturer, ce rouge est un si beau pigment.

vendredi 27 septembre 2013

Comme si t'étais encore là

Ta peau, c'est doux.
C'est chaud mais un bon chaud. Pas un chaud de fièvre, un chaud de feu. Mettons à cinq six pied d'un feu. C'te chaud là. Le chaud quand tu rentres au chalet, pis qu'les néons t'aveuglent un peu, ça t'fait voir vert ça t'fait voir croche. Chaud comme un fond d'shooter de fort, au creux d'un ventre couché su'l dos. Pis ta p'tite laine aussi est douce. Pis tes cheveux qui sentent la fraise, j'les sent d'icitte pis ça m'fait d'quoi. Ça cache l'odeur d'humidité, dans mon sous-sol plein de poussière. Tu laisses tout ça sur l'oreiller, quand tu t'en vas j'peux m'y coucher. Sentir que t'es p't-être pas si loin, perdu dans mon rêve éveillé.

C'pour ça que j'pense qu't'es encore là. T'es tout partout pis j'comprends pas. Comment ça s'fait qu'j'peux toffer ça. J'parle comme si t'étais encore là.

jeudi 19 septembre 2013

La p'tite Sara du bout du rang


C'était pétrifiant. L'air du dehors.
Après des mois d'enfermement et d'auto-séquestration, respirer c'était une douleur dont je commençais à oublier la sensation. J'étais finalement sorti d'un trait, en panique, réalisant le nombre de secondes qui s'étaient écoulées depuis que j'm'étais mis à arrêter d'exister. Le vent m'agrippait par le cou pis je sentais la rudesse de ses gants me grafigner la peau. C'était presque comme Darth Vader. J'comprenais rien.
En haut la lune me flashait ses hautes, l'Étoile noire mais blanche tsé.
Je m'étais parti une cassette de tounes tranquilles, une des premières de Bob Dylan, pis je marchais vers la grand route voir si le monde avait changé.
Aller s'promener si tard dans le village c'était comme être le seul insomniaque d'un grand dortoir. J'étais errant, j'étais tout seul.

À gauche, les bouées clignotaient vraiment pas fort, juste assez claires pour qu'on les voie mais pas trop vives, qu'on s'aveugle pas. À droite s'étaient encrées toutes les chaumières, face à la mer qui s'endormait. Tout ce que j'entendais c'était le ronflement des camions qui réchauffaient sur la traverse, les chuchotements de la marée, l'harmonica du vieux Sam qui restait sur l'second rang derrière le dépanneur.

Arrivé au bout d'la principale j'voyais pu rien j'entrais dans l'bois. M'restait pu rien que l'bungalow à p'tite Sara avant d'me perdre en caribou. Sur le côté de la maison y'avait une f'nêtre et sa lueur, une veilleuse sur la forêt, l'entrée des monts c'était par là.
Comme en souvenir, c'était pareille.
La p'tite Sara c'était ma blonde avant tout ça, avant que j'sèche dans mon salon les stores fermés sans voir le monde. Enfin sorti, et sans vraiment savoir pourquoi, j'étais là, devant chez elle, blanc comme un drap dans la nuit noire.

Dans la fenêtre y'avait sa chambre. Je la voyais dans un miroir.
Elle était belle et j'étais bien. Elle était nue comme en souvenir, en beaucoup mieux faudrait le dire. J'étais ému par sa candeur, mes yeux coulaient à cause du froid. Elle semblait chaude et confortable, prête pour l'amour et la passion. Elle se leva, alla s'asseoir, sur une chaise tout près de là.
J'avais envie d'aller cogner, prendre un caillou, le lui lancer, à sa fenêtre la déranger pour une danse de quelques pas.
J'avais envie de lui écrire, de longs textes plates, des paragraphes, de courts poèmes, des acrostiches, des mots quétaines sur une ardoise, jusqu'à ce que fêle ma plume, jusqu'à ce que meurent mes doigts.
J'aurais écrit tout un recueil de belles histoires où elle et moi, dans la prairie, on se s'rait fait des p'tits enfants.
Je jetterais tous mes avoirs, me redonnerais un brin de vie, me r'voir vivant une couple de fois. Y'est ben trop tard apparemment.
Y'a que Sara avait un chum, un beau grand brun, avec d'la gueule.
Faque en bout d'ligne, juste devant l'bois, j'étais errant, j'étais tout seul.

jeudi 12 septembre 2013

Celle en arrière de la Maison


Je me camoufle dans la craque du bonheur. Une limbe une crevasse. Une affaire creuse.

C'est long longtemps quand tu t'rends là. Une longitude dans l'mauvais sens du mot. Dans l'pas bon sens. Contresens, l'affaire à l'envers, l'affaire comme moi. Je suis un wrong way paqueté plein d'chars, je ne lisais plus les pancartes. J'avais une hache de plantée. Plantée dans tête. Une semence cervicale qui grandissait en arbre en fleurs en pollinisation en piqûre de bibitte abeille. C'était une grandissure, une enflure un fruit une prune sacrée une sacrée prune. Une colonie de rouge bouillant comme j'ai déjà pu l'expliquer dans d'autres poèmes. Rouge bouillant tsé le goudron sanguin l'essence en flammes les sens en femmes l'encens en l'âme qui se projette sur les murs de l'église la cage thoracique les saints les saintes l'essaim de bulles dans la bouilloire de mes veines. Ça fait ben trop d'mots pour tout comprendre.

Je t'expliquerais en t'allumant. Toi aussi, vierge de tout le mal qui règne en moi. Jeune de l'amour qui crie en toi. Née d'une banque de moments d'une souvenance et d'un répit. Celui quand je me satisfais. Quand je m'érode les neurones, à râteler les fonds de poussière, qui couvrent mes idées amères, du long soleil qui perce mes vues, qui change les scènes du métrage, qui me projètent sans me guider, qui m'étincellent émancipées, en un système organisé de peine, d'étranges honnêtetés.

Alors au ciel le seul crochet, c'est celui d'où pend la p'tite maison. Celle où ça parle devant l'perron. Où riment les conversations de ceux qui rêvent de leur partie. Au bord du lac des étendus, là où s'affaissent les brûlures, y'a la Grosse Femme qui sommeille. Pis Albertine. Y'a Josaphat pis la Victoire, qui s'aiment couchés sur le balcon, pour une demi-heure et quelques actes.

Derrière tout ça y'a un violon, les bras d'une femme qui me consume.
Qui joue les airs de mon enfance, qui m'étourdit à bout portant, et je m'enfonce dans l'endormi. C'était la mère de mes enfants. Des kids qu'on avait fabriqué. On s'étreignait à la brunante, pis pas mal plus que d'in chansons.
Une p'tite couverte pour mes vieux os, une douce peau où la nuit passe, j'envie tout ceux qui la regardent quand sa sensible rejoint le ton.

mardi 3 septembre 2013

Mon rêve avec des planètes dedans

C'est une perche qui m'accroche dans le volatile. Un bouquet de soupirs en congé, une semence qui s'inonde pour mieux émerger de la submestranse qui la couvait. Galilée sti d'perchoir, graffite le mur dans la cour de récré. Écris des poésies pas de ton temps pour t'en souvenir comme je m'en souviens. Des vieilles criss d'histoires de grand-papas. Donne leur de l'importance tu sais ces hommes ont éjaculé nos mères ils ont quelque chose à dire. Ce qu'ils diront, les crouleurs de mélanine, les shop-vac à peppermints, les forgerons de couteaux suisses, note-le bien dans ce calepin. Apprends-les par coeur, par ventre, par deux fois, par la bande, par ci par là, apprends-les, paresseux. Et propage-toi. Disperse-toi. Émancipe-toi. Volatilise-toi. Explose-toi. Tu es un gaz presque poison, un spectre étourdi qui calme les temps, qui dose les cuves de misère.

jeudi 8 août 2013

Le p'tit-escogriffe


C'tait l'silence ben raide dans l'trois et d'mi. Pas un son, rien sauf le bourdonnement de l'électricité qui montait d'in murs, rien que l'mince frottement de l'aiguille sur le sillon sans fin du dernier disque d'un ti-band de rock de amaricain, rien que la toux du voisin d'en haut pis son flushage de toilette qui passait mal d'in tuyaux, rien que l'click fatiquant du compteur d'eau, rien que l'cognage des gear sur les secondes d'la vieille horloge grand-mère accrochée à côté d'un portrait manqué de René Lévesque, rien que l'crépitement de mon tabac à chaque inspiration de douleur, rien que mon souffle en soupir et la boucane opaque qui s'mêlait en ch'feux dans la lumière du salon, rien que la fracture de mes nerfs sous l'poids d'l'émotion, rien que l'grincement d'mes dents qui cherchaient d'quoi à mâcher, rien que l'raclement du fréon dans l'fond du frigidaire aussi vide que mon ventre, aussi vide que mon litte. C'tait l'silence ben raide ouais.
Pis j'sais pas pourquoi mais moi j'restais là assis su' mon cul à r'garder des reprises d'émissions plates à Prise 2, en buvant d'l'orange crush tablette en attendant que mes croquettes de simili-poulet panées aient fini de cruster dans l'four. Criss de veillée B.S. Criss de vie sale hein?
Ok. Badtrippe pas. Des fois je l'aime la vie aussi, des fois.

Aujourd'hui j'tais en char pis j'ai croisé un ti-gars en bécycle. Y'avait une rallonge d'attachée après son banc de bécycle. Y tirait un genre de ti-trailer avec des tites-roues. Su son ti-trailer y'avait mit la tondeuse de son père. Pis y'a trainait. Y'avait l'sourire dans l'vent les dents sèches les yeux brillants, en liberté. Le ti-gars y s'était faite cinq-six piasses ça devait donc le titiller en d'dans ça devait y brasser la cage ça devait y twister a'garnotte dans spinouche à couliche. T'sais veux dire. Qu'est-ce c'est qu'y'irait donc s'acheter avec son argent?
Moi j'tais en char, j'er'venais de travailler à ma job de monsieur, pis cré moi que drette à ce moment là pile précis j'aurais donc voulu crisser mon char dans l'fleuve, me laisser couler d'dans pis renaître en ti-gars pis m'faire un trailer pour tirer la tondeuse de mon popa pis que mon popa y m'dise que j'ai ben fait ça couper le gazon en 45 comme un fairway esti comme un criss de beau fairway de golf vert stripé vert pâle l'été avec des mononcles dessus qui vantent la façon dont la pelouse est donc ben bien tondue juste avant de smasher le tee en slice au trou numéro 9.

J'aimerais ça pouvoir r'monter l'horloge de René, la r'monter d'un coup sec. J'reviendrais dans l'temps qu'j'tais insouciant, ti-cul, ti-noir, un vlimeux, un verrat, un tit-homme, un tit-escogriffe.
Au lieu de ça j'er'garde René pis j'me perd dans ses paupières pas assez tombantes à mon goût pis j'chiale, j'écris, j'me relis, là j'en braille une shot et pis ça passe.
Ça l'air nostalgique tout ça mais c'est surement juste à cause du disque que j'écoute quand j'change de toune ça m'change d'humeur y'a rien qui m'influence plus que la musique j'ai tout l'temps été d'même c'est surement ça qui m'reste le plus de mon jeune temps. Ça pis mon gros cul t'sais.

Badtrippe pas, j'pas en train d'me plaindre, c'pas mon testament c'est juste que j'm'ennuie. Tu t'souviens-tu toi l'temps quand on connaissait pas ça, l'amour? Quand les seules femmes dans ta vie c'tait ta mère la sienne pis les matantes à Noël.
J'essaye d'm'en rappeler là parce que des fois je l'oublie pis j'pense que la femme de ma vie c'tait la p'tite débarcante qui v'nait des Uropes. Oh ça aurait pu. Ç'aurait pu mais ça s'est pas adonné ça c't'une longue histoire j'te conterai ça plus tard ça m'tente pas d'y repenser à soir ça m'fait pas ben ben d'bien, déjà que j'pas top shape.

Bon ok, j'nous met un dernier disque après ça c'est toute hein.

J'vais mettre ce'là avec ton chanteur amaricain. Celui qui joue d'la musique à bouche. Je l'sais tu l'aimes ben ce'là. Y'est doux mais cru pis fort. Y fait mal en dedans tu trouves pas toi? En tout cas, y'est bon. Springteen son nom? Bruce Sprintseen. Chu jamais capabe de l'prononcer comme 'faut.
J'va m'endormir, je l'sais. J'm'endors ben quand ça joue c'te musique là. C'est comme si j'm'en r'tournais au chalet, comme si j'roulais su l'autoroute, pis que le monde lui reculait, ben loin derrière pour me laisser passer, un grand passage d'asphalte jusqu'à 'paix du lac, pêcher l'crapet soleil à 'branche filée, piler dans l'mou d'un beau fairway, cinq piasses d'in poches, en liberté.


samedi 27 juillet 2013

Le son de Saturne

Ça sentait le goudron sur l'avenue et j'avançais les pieds collés sur cette masse instable de poussière compressée. Rien pour soutenir toutes ces rumeurs écrasantes, ces voix d'on-ne-sait-où qui me soupiraient plaintes et balades. À peine avais-je mis les pieds sur le lit de la passerelle que déjà s'effaçait derrière le reflet de la lune sur les cheveux des grandes terres. J'avais beau me plisser les peaux, je n'y voyais plus rien. Un pied dehors, tout réapparaissait. En avant, deux courts lampadaires éclairaient la passerelle, vissés au sol entre les feuillus de l'autre côté des clôtures longeant l'allée. Rassuré par leur mince présence je m'engageai dans ce passage et oubliai tout ce qui aurait pu me précéder. Le chemin craqué par les veines d'un vieux chêne s'étendait par delà la frontière coupant les terres de la ville. J'entrais dans une mêlée de dormeurs, au milieu des ondes de ronflements, des échos d'étroites jouissances.
La passerelle fût bien assez tôt derrière moi et confus je marchais maintenant sur une route cristalline, lisse comme un duvet de virginité.
Je ne saurais expliquer pourquoi à cet instant je commençai à bouillir très fort à l'intérieur. Un feu rageait en moi, les braises d'une explosion, j'avais cette imprévisible sensation que mes organes partaient en fusion. Et quand enfin tout s'arrêta, de ma bouche s'écoulèrent les cendres de l'attentat, un magma de peine noir et luisant. Sur le chemin net et précieux gisait l'éruption dégueulasse de mes refoulements.
Une victime au sol, un papillon de nuit, l'aile consumée, jamais plus ne volera.
Je m'allumai une cigarette puis décampai, loin du triste graffiti de vomissures.
Devant, la route s'envolait vers le ciel, des poutres de béton montaient au firmament. En bas, sur l'autoroute, quelques voitures filaient vers les dortoirs, vers les refuges de respires, où la sustentation des mineurs neuf s'éternisait encore entre deux pièces de folklore.
En haut du viaduc tout était grand, même mes bras, longs et fins comme deux baguettes de tambour. Devant Saturne je vacillais, trop étourdi pour retenir toute l'étendue de sa rythmique, toute l'ampleur de sa vibrance. Je saturais sous les anneaux, pris dans la gorge de cette chanteuse, de cette planète ahurissante, congelé dans le soupir ondulatoire de son volume, dans l'armistice de sa beauté.
Rumeurs et voix venaient de là, fredons étranges du trépas, dans mes oreilles leurs distorsions : "Saute, vas-y, saute donc en bas."

mardi 9 juillet 2013

La moitié de croire


Ça tourne ça se retourne et l'aiguille glisse sur le tissu de musique sur la peau d'ébène creusée de frissons. Y'a derrière une ampoule qui clignote presque et qui rayonne sur les glissoires, y'a cet orange de bronze qui s'apaise sur les routes d'harmonies les stériles chemins les sens uniques de chansons. Ça tourne et ça se retourne dans la tête de Johnson comme une soûlerie une usine de tambours une boucanière à l'aube d'ambre. Y'a derrière une nouvelle idée qui clignote presque et qui s'élance sous les rayures sous les ratures des autres idées qui n'auront jamais passé la nuit. Y'a ce noir de crème qui s'assèche sur la dernière cavité propre d'un mouchoir. Une crise, une semence de tourmente qui grandira en mélodie. Une suite à trois accords qui tourne en rond jusqu'à la fin quand les mots ont fini de parler quand les bougies seront éteintes et les guitares toutes rangées couchées dans des étuis de peluche. Johnson marmonne fredonne quelques trucs ratés et d'autres meilleurs qu'il note dans sa paume. Il se creuse les doigts avec le bout de sa plume mais il ne sent rien. Sa peau n'est pas brisée c'est la corne qui s'écorche. Il pourrait même se les brûler, rien à faire la douleur n'existe pas il est soûl il a des doigts usés travail guitare travail guitare guitare travail travail guitare. Aucune plume d'aucun oiseau d'aucune tête de chef indien n'aurait percé les doigts de Johnson. Et pendant que s'éparpillent ces résidus sur le sol de la cuisine, la chanson se termine et il doit aller tourner le disque sauf que sa tête tourne trop il ne peut se lever pour tourner quoi que ce soit d'autre. Il le comprend il le sait quand ses yeux louchent sans qu'il ne grimace. Les bouteilles vides sur le comptoir suent encore car elles ont été bu froides et le verre n'a même pas eu le temps de se réchauffer. Sur la buée d'une des pintes, les doigts indestructibles de Johnson s'étaient posés et avaient dessiné des empreintes qui ne voudront sans doute jamais s'effacer.
Johnson s'allume une cigarette et il entend le tabac crépiter chaque fois qu'il inspire, ça le fait sourire un petit peu. Il pense à Willie Brown qui lui a vendu ce tabac en vantant la fraîcheur et l’humidité persistante de ce dernier. Ça fait rire le tranquille Johnson, conscient de gouter à l’herbe la plus sèche qu'il n'ait jamais fumé. Ça ne le dérange même pas. Il aime bien Willie Brown et lui aurait acheté le tabac peu importe ses qualités. Il avait simplement envie de fumer et voilà pourquoi il fume en ce moment.
Deuxième long crépitement. Le plafond de la cuisine s'embrouille et s'épaissit de boucane, lui qui flouait déjà la clarté dans un nuage de terre volante. La poussière est partout. Johnson reprend sa guitare pour essayer les dernières lignes qu'il vient d'écrire.
Il entend un craquement soudain venant de l'étage. C'est le bois de l'escalier qui crie lentement sous le poids d'une personne.
Y’a Irene dans les marches, presque nue, fatiguée, nuageuse, douce d'été, portant une des chemises à son Johnson, une flanelle trop grande qu'elle a déboutonné. Johnson dépose sa cigarette et s'accoude sur le manche sa guitare. Il observe la peau d'Irene, le velours de sa poitrine qui s'éblouit dans la brillance des chandeliers. Il se lève et accote son instrument sans regarder sur le rebord de la table. Il s'avance au pied de l'escalier. Irene sourit timidement. Elle se retourne et monte une marche avant de se retourner pour sourire une autre fois. D'en bas, Johnson voit à l'extrémité de la chemise la courbe parfaite des fesses d'Irene se dessiner discrètement avant de se perdre derrière le tissu.
Irene, l'essence de l'érotisme. Irene, déjeune sur l'herbe, sur son torse l'effet de soleil, elle se baigne avec ses chaussettes vertes, illumine le lac comme une néo-Vénus, se lave l'origine du monde, elle sue elle jouit elle adore ça quand Johnson la regarde.
Lui il éclate en elle il invente des choses en elle et il pense aux paroles de sa chanson. Il chante Irene je t'aime en criant très fort le je t'aime.
Johnson il éjacule du blues.

Il ouvre les fenêtres il fume une autre cigarette. Irene est couchée sur les draps elle a sué mais elle n'a pas chaud y'a le vent qui souffle dans la chambre, dans les rideaux qui tombent en bas sur le terrain des voisins et leurs enfants qui marchent dessus. Chez Johnson y'a toujours le même disque qui joue. Ça parle de ce vent-là qui souffle dans la maison. Un foutu vent pas comme les autres qui raconte des choses qu'on n’entend pas souvent. Il parle du son que font les balais sur les galeries quand ils poussent la brousse loin des portiques. Il raconte les tristesses électriques d'une reine et de son roi qui n'aimait pas ses petits plats. Johnson il l'entend il écrit ce que le vent lui dit en se répétant que ça fera peut-être un jour des pas pire bonnes chansons. La brise qui pleure. Ça le fait sourire un petit peu.

Irene est couchée sur les draps elle a sué mais elle n'a pas chaud du tout même que bientôt y'a des frissons qui lui poussent sur les hanches. Y'a Johnson qui vient les manger il aime le goût des frissons. Il aime le goût d'Irene. Ensemble ils prennent la chair et la consument aussi souvent que possible, nus dans l’étang de leur amour, les verres de porto à moitié pleins sur la table de chevet.
Irene se tient debout face à Johnson qui est assis sur le lit. Elle le regarde, la tête penchée, droit dans les yeux. Johnson s’approche sur le ventre de sa douce. Il renifle son nombril il le lèche il écoute son intérieur et s'accorde avec lui dans une paix interminable. Il se saisit des dessous d'Irene qui traînaient sur l'oreiller. Il se penche et lui enfile un pied à la fois en s'appuyant bien étourdi sur les hanches tièdes de sa femme. Johnson remonte la culotte jusqu'à la taille, en frôlant les fesses d'Irene avec ses mains rugueuses. En relevant les yeux vers ses seins, il prend un moment pour les empoigner tendrement. Ce sont des joies à savourer comme des douceurs inestimables.
Irene met sa robe et se tourne dos à Johnson. Elle prend entre ses mains tous ses cheveux, dévoile son cou à la candeur du matin. Elle a quelques grains de beauté à la racine des oreilles. Johnson l'aide à nouer les cordons des bretelles afin que rien ne se détache. Il prend Irene par les épaules et laisse glisser sur sa nuque un puissant baiser, une dévotion au sacré cœur qui bat si fort sous le thorax des amoureux et des fidèles. Une violente bordée d’amour, plus forte que la portée des mots. Johnson, ses lèvres sont figées là. Jusqu’à ce qu’elle chante il l’embrassera, jusqu’à ce qu’elle n’ait plus de peau.

mercredi 3 juillet 2013

"Gave-moi de ton amour pour shimmer l'Univers"


Pour la paysanne

J'm'ennuie pis on dirait qu'ça adonne pas
J'virerais le monde, l'sécherais sua corde
Pour que l'standby prenne enfin l'bord
Allume les lampes pour une fois

M'a t'jouer une toune qui fini pu
M'a t'enlacer dans nos restants
Tu m'diras d'main on verra ben
Pis qu'on r'vienne pu jamais parce que caliss

Y'est temps que l'bon soit d'mon côté
Que les adons s'adonnent là, tsé
Que j'aille pu l'air de patauger
La marde j'tanné en enfant de choeur

J'pensais jamais à m'questionner
Sur les rapports de la clarté
Mais là j'me demande à quoi ça sert
Si Dieu lui-même se bat contre moi

J'ai couraillé tous les villages
À la recherche du coeur fendu
Mais le Fou de l'île y'est er'venu
Me dire qu't'étais l'autre bord du fleuve

mardi 18 juin 2013

Encore Mathilde


Tu me dirais que j'exagère
Quand je m'étripe dans l'engourdi
Mais j'fais pas ça pour manquer d'air
J'le fais seulement parce que j'm'ennuie

De toi pis de tes bonnes manières
De tes sparages qui twistent la nuit
Ceux qu't'uses pour me r'virer d'travers
Quand j'te dis "j't'aime à l'infini"

Je r'pense à toé su'l bord du fleuve
Qui pitch des roches dans le lointain
En s'en allant vers la Côte-Nord
Voir les baleines par le châssis

Une couple de bières dans chambre d'hôtel
Pour célébrer nos éloignements
De la grand' ville, des ouragans
Qui poussent à gauche qui tirent à droite

Encore, Mathilde

On sortira à la noirceur
Marcher su'l bord des chemins d'terre
Traverser l'fjord ça m'fait pu peur
Vu qu'tu m'as montré comment faire

S'quêter un lift jusqu'à la paix
Mathilde réchauffe les arrivants
Ceux qui comme nous sortent en retrait
Loin des rivages d'accablements

Encore, Mathilde

mercredi 12 juin 2013

14 avril 1969

J'étais arrivé au pied de la bâtisse le coeur mariné dans le dépaysement. Au loin derrière moi le ciel était brouillé d'un pâle orangé, noirci par la pureté de la campagne à quelques lieues de là. Tout autour, elles surplombaient, les tours de la fortune. C'étaient d'excellents repaires d'oiseaux qui par centaines venaient s'éparpiller sur ces belvédères, à regarder les hommes courir, à regarder les hommes frapper. On entendait en écho leur discret battement d'ailes envelopper les fréquences du haut-parleur projetant vers le ciel la voix électrique d'un commentateur. Dans l'escalier à l'entrée principale, ça sentait le maïs soufflé, la friture, les saucisses. Plus j'avançais, plus l'odeur de la bière et des bretzels salés m'assaillait et m'attisait. Les larges corridors étaient construits de murs en briques, et les planchers recouverts d'une couche vernis si lustrée que je me voyais marcher parmi le reflet des lustres accrochés çà et là sur les plafonds du labyrinthe. Ces chemins de miroirs semblaient me mener à une source. Un lac d'émotions formé d'un fort mélange d'appréhensions, d'amour, de patience et de fiertés s'écoulait dans les couloirs. J'étais dans les coulisses de ce qui me semblait être un bain de bonheur. Plus loin, une ouverture laissait entrer de la lumière au loin, une puissante brillance qui m'aveugla au passage. Une fois que je pu ouvrir les yeux, je découvris cet univers vers lequel la vie m'avait porté. J'étais à l'embouchure d'un long canal de suspense, qui débouchait dans un immense dôme illuminé, au toit décoré de bannières, d'hommages et de fantômes. La voix du commentateur résonnait encore plus fort dans mes oreilles, l'odeur de nourriture s'était dissipée pour laisser place à celles de la tourbe humide, de la terre battue, et soudainement, de l'effluve du tabac émanant du cigare d'un homme âgé fumant patiemment sur l'estrade. J'entrais ébloui dans ce sous-univers, ébahi devant sa grandeur, séduit par la confiance qui y régnait. J'étais candide et amoureux, j'étais naissant j'étais heureux. Dans le champ centre couraient des hommes empreints de passion, aux minces sourires adoucissants, comme s'ils rentraient à la maison. À l'arrêt court ils se lançaient, sous les pirogues les autres fumaient, en attendant que tout commence. J'allai m'asseoir près du bonhomme de l'estrade. Je continuais de regarder le monde quand l'étranger m'interpella.

"La saison sera difficile, n'est-ce pas, filston?" dit-il en se penchant vers moi.

Je lui répondis brièvement que c'était la première fois que je venais ici.
Il cligna des yeux, se redressa et sembla soudainement très confus. Comme s'il m'apercevait enfin correctement, il se leva très lentement en fronçant ses sourcils poivre-et-sel.

- Ne vous ai-je pas déjà rencontré quelque part, mon ami? me lança-t-il rapidement.

- Je ne sais plus, vous me paraissez familier mais je n'ai aucun souvenir que nous soyons présentés, répondis-je en hésitant. Mon nom est Jones. C'est étrange, vous m'évoquez la même chose que cette vision verdâtre au loin là devant, qui me rassure et me rend fier, comme un père dans la tempête."

- Enchanté, Jones. Content de te l'entendre dire, et je suis entièrement d'accord avec toi, ajouta-t-il en prenant par la suite une profonde inspiration. C'est le plus beau des endroits, je n'ai jamais envie d'en partir. Je voudrais rester ici, ne plus quitter cette atmosphère, cette paix qui plane dans l'édifice. L'odeur de l'herbe, celles du devoir accompli, des miracles et du tabac. Le son des fantômes qui sifflent entre les manches des mélodies de l'ancien temps, celui du claquement de la balle sur le bois ferme des bâtons. Le soir, lorsque j'entre dans ma voiture après la fermeture des portes et que je vois dans mon rétroviseur les projecteurs du parc s'éteindre les uns après les autres, Jarry devient tout aussi sombre que mon coeur.

Un silence s'en suivit, remplit par le crépitement satiné de quelques ailes de pigeon.
Je voyais tout près sur le côté Rusty Staub parler avec Sutherland, tout deux dans leur nouvel uniforme. Staub enleva sa casquette et gratta ses clairs cheveux roux qui semblaient presque blonds, puis regarda dans ma direction et hocha la tête quand nos regards se croisèrent. J'avais l'impression que ces deux hommes parlaient de moi.

- Ils parlent de toi, me souffla le vieil homme à mes côtés, une sorte de rictus accroché sur sa mâchoire.

Ça m'a fait rire, il savait tout. Il savait qui j'étais et pourquoi je me trouvais là.
J'avais traversé les frontières pour finalement voir ce que j'ai vu. J'avais quitté Atlanta les yeux fermés, et soudainement j'arrivai à Montréal sans m'apercevoir que ma vie était changée. Il marmonna en creusant mes pupilles de son regard cernant.

- Je suis Gene Mauch, ton manager. Ton uniforme est sous la pirogue. Habille-toi et je te présenterai aux autres joueurs. N'oublie pas ton gant et tes crampons, on commence dans une heure.

Je sorti une pomme de mon sac, et commençai à en trancher la pelure avec mon couteau suisse, j'en pris une bouchée en souriant. Je hochai de la tête tandis que Mauch fixait la lame qui retournait rangée, dans ma poche. Je lui tendis un morceau du fruit que j'avais découpé pour lui. Il le saisit entre ses doigts aux ongles rougis par la terre de son champ intérieur, la croqua lentement puis l'avala avant de recracher quelques écailles de graines de tournesol probablement restées dans sa joue. Jamais je n'aurais cru naguère pouvoir rencontrer quelqu'un d'aussi mystérieux. En s'essuyant le côté des lèvres après une bouffée de son cigare déjà aux trois quarts consumé, il m'interpella de nouveau avant que je ne m'en aille.

- Mack The Knife Jones, bienvenue dans l'équipe.

lundi 10 juin 2013

Michael Robartes et le Cygne domestique


Assis sur une marche dans l'escalier du portique, il en grillait une deuxième tandis que de l'autre côté de la fenêtre le fixait cette lune jaune. Les yeux de cratères plus sombres qu'à l'habitude guettaient tout de même la demeure prise en otage dans les bras de la nuit. Michael Robartes lisait des lettres dans la lueur d'une chandelle, son visage hâlé se reflétait dans la vitrine de la porte d'entrée. La flamme dansait sur sa tour de cire au rythme de la guitare du jeune prêtre qui jouait tout ce que ses visions lui inspiraient. Une femme dans une robe bleue s'endormait sur la chaise berçante qui grinçait encore au pied de l'escalier. Elle était éblouissante, d'une beauté aveuglante tout comme le feu de l'ampoule qui l'éclairait. Michael Robartes leva ses yeux malades de sur ses papiers.
"Et vous, mon père, pourquoi semblez-vous si solitaire ces jours-ci?" Le jeune prêtre continua sa balade en fredonnant quelques notes du bout des lèvres. Puis, à la fin de sa mélodie, il s'arrêta de chanter en laissant résonner son dernier accord de guitare dans l'écho de la cage d'escalier.

"Mon fils, je me confesse aujourd'hui. Je ne pourrai garder la tête droite encore bien longtemps, elle penche et s'affaisse dans ma confusion la plus profonde. Elle surchauffe quand je voudrais la garder froide. Mes pensées s'agrippent à mon coeur et mon coeur s'agrippe à l'amour. Je m'empêtre dans les avances de deux femmes qui ont semé en moi tous les mirages de la vie. Je rêve d'une les yeux ouverts, je rêve de l'autre les yeux fermés. Je ne dors plus, je n'ai plus soif. Je suis un oiseau sans voyage, un grand cygne domestiqué. J'ai peur que ces images ne me quittent plus. Il ne reste de lucidité en moi que ce cognac, et vous, Michael."
Robartes de répondre "Allons, curé, votre coeur est bon. Partez très loin, volez, maintenant."
Le prêtre déposa son verre et au dehors il vit l'herbe gelée briller sous les rayons de la lune. En bas, la chaise berçante cessa de grincer et dans le silence quelqu'un parla.

Au soleil levant, les rideaux habillaient le matin pendant que le vent soufflait la noirceur de l'autre côté de l'horizon, et sur la poitrine de Robartes perlait une chair de poule entre quelques égratignures, là où la brise l'avait violemment embrassé. Un silence perçant tassait la brume entre le fleuve et le rang. La soeur de Michael monta à l'étage et demanda si tout allait bien à travers la porte de la chambre. Elle attendit, en vain, pas de réponse. Ce n'est que le lendemain qu'enfin elle pu entendre de l'autre côté les pas discrets d'un léger danseur.

Elle alla s'asseoir sur le bord de l'étang, et on lui murmura que le sommeil des cygnes sauvages ne commençait pas par une chanson, mais par un soupir.



vendredi 7 juin 2013

Les résonances


Quand l'gars y part ça m'tue dans l'temps c'comme un coup de massue. Les timbres qui m'traversent, qui m'font la passe, un micro-onde qui chauffe à blanc comme une gifle comme un aveu. Et mon aiguille qui te voyage jusqu'au bout des pixels, jusqu'au bout de ton extrême, de ta pureté, de ta souffrance, de ta beauté incandescente. Cette aiguille rouge indique la force de tout l'amour que j'ai pour toi. J'voulais qu'ensemble on monte le son, qu'ensemble on élève nos états de vivre, qu'ensemble on regarde des souvenirs de quand nos ondes commencé.

Tout ce dont j'ai besoin, c'est d'un peu de soleil, de toi en plein dedans qui brille sur ma rétine. J'ai besoin d'un livre qui donne envie de tomber amoureux. De riches mots profonds de sentiments. De l'encre sur ta peau et du sel sur ton sein. J'voudrais t'acheter toute ta douceur. La carte d'appel de ton sexe, l'essoufflement de mes dépenses. Couché sur le tapis du salon qui gratte qui pique à chaque élan.

samedi 1 juin 2013

L'infini plus un


Je suis nuageux je suis respire je suis émancipé je suis jaloux je suis mauvais je suis jaloux je suis trouble et je suis mort, mort tué coupé mâché troué pilé gardé perdu au fond d'une cave amorphe d'une terre creusée d'une marre de tout ce que j'ai déjà été. J'suis doux l'été j'suis fatigué comme l'automne, le blé qui pousse l'horizon longue sua 138, l'île qui bouge qui dérive qui tire les hommes jusqu'aux rivages qui brise les chaînes de l'ancrage. Des maisons suspendues sur les nuages de la ville, des provinces mariées qui s'oublient en dansant très tard. Tout le monde a besoin d'un quelqu'un pour calmer son monde son son sont pas gênés les marmots sont soûls morts sont glés ben raide sont capotés dans tête c'est l'école qui les écorche qui les étire qui leur casse les côtes et les poumons avec des formules de cancer multipliées. Pris dans un arbre avec les coeurs-volants, y'a des fous qui me cherchent et qui se trouvent. Pognés au premier village entre les deux puits et la cabane du forgeron, on s'imagine une vie d'anciennes affaires et d'heures incalculables, des lieues à la place des kilomètres et des yeux perçants calqués en plein dans le coeur comme un poignard comme une lame de mille centimètres qui saignent dans l'aqueduc de mes veines. Le crayon sèche pu d'encre juste de la poudre fait longtemps qu'on a pas écrit ça fait un bail ça a séché ça a froissé les papiers au fond du tiroir sous les manteaux. Alors on crie et on submerge nos envies de tout dépêtrer.
Déraciné. Les hanches dans l'écorce. Les coudes au sol on rampe on se tiraille on s'éparpille.
Loin longtemps toujours à jamais infini plus un. Toute mais pas icitte.
Chez vous en toi dans ton toi-même chaud doux ambré comme la brunante comme la gorge d'un étourneau. Les oiseaux fous.
Tu m'travailles. Le sais-tu? Je plie comme une branche sous le poids de ta douceur.

mercredi 8 mai 2013

Le p'tit bonheur


Il arriva penché comme un homme ayant vu le siècle passer sur le coin d'une ruelle. Il se posa sur le sol et se priva de tout mouvement. C'était une bête qu'on aurait pu croire fragile, mais qui arborait un pif coupant tels les regards d'ancêtres, des griffes d'argent plus poignantes que toutes les peines d'amour. Il entrait sur les sentiers à la manière des aigles, le cœur en rage de paix, le ventre creux et ferme comme les églises, le thorax porté vers l'avant en guise de salut, les yeux braisés dans la misère, calqués dans le silence. Les ailes fines et longues, il s'avançait les exposant, un pas après l'autre, lentement et prudemment, vérifiant à chaque avance s'il allait enfarger du verre. Il s'en venait vers moi en fixant le ciel, sa patrie, son utérus indigo brouillé par l'orangé des lampadaires. Je me tenais prêt à la riposte, les foudres pouvant s'abattre sur moi plus pesantes qu'une forêt. L'oiseau était là devant, par terre au milieu du corridor végétal. Il s'était arrêté sur une pierre en marge du sentier, il me défiait. Il me méprisait pour avoir vécu toutes ces secondes mensongères. J'avais jeté sur lui un sort horrible, brûlant. J'étais les lésions de son sommeil, les plaies avares de son déclin, les incendies de son amertume. Je l'avais ramassé, il était cueillit, sauvé, nous nous étions partagé afin de mieux survivre.

Il fût si bon pour nous, il décima notre dépendance aux futilités et fît de nous de réels existants. Je me contentais de lui seul, car plus rien ne possédait d'importance. Il était là, je l'aimais et il m'aimait. Plus il vivait plus nous mourions. Il se posait sur les branches de notre boisé, il semait des bourgeons. De ceux-ci sont nés des fruits, mais nous en avons abusé, je lui ai trop souvent menti.
Il partit tôt un matin, et je le suppliai. Pourtant si belles, mes humeurs fondirent sous la chaleur de cette fièvre que nous avions apprivoisée, et je devins solitaire bien soudainement.

Son reflet me suivait où que j'allions, il se liquéfiait dans les larmes de jeunes filles, dans les fontaines claires au parc du village, dans les palettes de couleurs d'un peintre impressionniste esquissant le fleuve du belvédère. Son nom vibrait parmi les tours du vieux clocher, le vent soufflait ses initiales à travers mes couettes frisées. Et chaque fois que je l'entendais, je détournais vers le sentier. Je fermais les yeux en m’efforçant de ne pas m'imaginer le temps où lui et moi étions amis. Je rentrais chez moi dormir, avec mes deuils, mes peines et mes guenilles.
Et tout ce temps passé à l'attendre en aura-t-il valu la douleur? Si, je crois, même davantage.

Et ce soir il était là, dignement réparé, auparavant crocheté comme un bouleau, il se dressait maintenant plus haut, fort et sage comme le chêne. Malgré toute la colère prise dans son visage, je crus voir en lui une lueur, celle du pardon et de l'amour.
Il s'envola d'un bon inattendu, le tête au ciel.
Perché sur l'harmonie des corps célestes, il m'apprit à siffler juste, le concerto des oies de l'île cendrée. Nous chantâmes jusqu'aux moissons, jusqu'à ce qu'il doive enfin migrer. Partir vers d'autres paysages aux chaumières chaudes et éclairées. Il pourrait bien y rester, c'est le paradis, qu'on nous raconte. C'est car l'ennui le rend malade qu'il revient pourtant à chaque année, encore plus beau qu'à son départ. On sait toujours quand il arrive. Les arbres du pays accouchent les bourgeons et les roseaux percent enfin une couche de grève. Il est là, nous le sentons. Les villageois descendent voir la marée, s'attroupent pieds nus dans l'aube des vagues salées pleines de têtards naissants. Ils scrutent longtemps l'horizon, là où le ciel rejoint la mer dans un halo de longitude, ces grands bleus qui se submergent, qui s'entretuent comme deux frères. L'oiseau perce lentement la cape du brouillard, surgît du havre nuageux en sifflant la victoire, celle d'être enfin à la maison.

Il entre en nous pour nous sauver, comme je l'ai fait pour lui autrefois. Il nous guérit de la guerre, il nous enseigne, le p'tit bonheur.

lundi 6 mai 2013

Clare Torry morose salope


J'entends j'écoute dans l'air siffler le battement d'aile de la musique du sud. C'est une chanson pure et paisible qui me tourne autour subitement dans le temps d'une repousse, quand mûrit le pollen enfouit au fond des couloirs de vie, corridors de sève, quand la fleur achève sa construction, s'ouvrant belle et sincère comme un organe féminin. Ce miracle du printemps, ce sacre, il s'accomplit en toute patience, dans la douceur d'une fin d'hiver, dans la quiétude d'une délivrance. La fleur se disperse, s'abandonne aux chevilles de plusieurs butineurs sucrés, de quelques bestioles pointues qui vous arrachent le coeur pour en extraire le miel. La fleur écorchée elle a sommeil. Elle s'est tordue les jambes ouvertes dans un élan de passion brute, elle s'est foulé l'orteil sur un clou de la vie qui ne pardonne pas. Ça lui pique la fleur ça lui brûle. Elle pâlit la fleur elle sèche et durcit, plus tard elle est par terre tombée, dans un livre de couleurs à inventer. La musique me tourne autour la musique se place droit devant moi, m'humidifie les yeux de son regard serein. Je faibli je danse je suis un effort cadavérique, un spasme de vivre, un spasme de me réveiller, une crise de résurrection. J'arpente les monts sauvages et hostiles de la matinée, là où la rosée est chaude comme sueur de femme. J'y trouve des passages entre les murs, des failles, des vallées, des ouvertures en flanc de montagne, dans lesquelles je m'enfonce telle une aiguille sur un sillon, j'ai le courage d'un cavalier, peur de rien même de la mort. Je suis comme la fleur je suis piqué. À la merci des vibrations, des ondes météores qui m'étripent comme des serpents, j'avance secoué à travers la mêlée de soubresauts. Je resserre le bandeau qui m'encercle la pensée, je le noue fort pour m'assurer que rien ne sorte de là. Mes idées sont sales et négligées, je les couvre de mensonges pour les camoufler, déguiser mes intentions pour leur faire dire de belles affaires, pour faire chanter une libertine sur un record de jazz doré, qu'y aurait calmer les hommes en '72.

jeudi 2 mai 2013

Tsé

Tsé quand tu penses que t'as pu rien? Y te reste toujours ben la pensée de c'que t'as perdu.

mardi 30 avril 2013

Pornoprière


Je m'enfoncerais au plus profond de toi
Écouter le concert de nos nombreux dédains
Fonder un village aux huttes brisées
Victimes des reflux de ton être

Voudrais-tu qu'en ton sein je me moisisse
Asphyxié dans l'odeur de gerbe de souffre
Dans la fumée ocre des boucanes d'été
Dans la viande colère de ta faune vaginale

Entre tes hanches je me retiens
De croître bien au-delà de moi
De déposer là tout mon bagage
Pour faire de ton corps un monument

Enfin par terre je laisse les armes
Épuisé par ce long refrain de jouisses
Tu t'agenouilles à raz le sol
Pour entamer une part de ma vie

jeudi 25 avril 2013

Toi et moi dans la cité qui ne dort jamais

Les mains silencieuses
Les baisers silencieux
Glisse ton nez sur le mien
Les sourires silencieux

Mes baisers imprécis
Sur tes hanches chaudes
Ces caresses étourdies
Et nos mains qui maraudent

lundi 22 avril 2013

Le vrai nom de la lune


J'ai les mains gelées et j'écris tout ça en ne sachant vraiment si j'aurai l'occasion de me relire, qui sait, peut-être déjà mordu par la ténacité de l'engourdie.
J'essaie de me rappeler de mes idées autrefois si blanches tandis que j'écris le mal qui dans mes neurones aura bientôt élu domicile. Et je me souviens.
Je me souviens que je pensais à cet ange suspendue aux balcons des étoiles. Et elle explosait comme les astres. L'idée que toutes ces lueurs ancrées au dessus de moi soient très loin là bas, en train de s'éteindre, en train de s'effacer de la carte du ciel, m'est venue en tête et je ne saurai comment expliquer qu'elle m'eut autant ému. Je pleurais en silence la perte de ces déesses éclatées qui tant de fois ont veillé sur moi. Je montais les yeux en leur firmament, et je les fixais curieusement. Elles furent mes nourrices, à longues inspirations de magma en fusion, lait maternel de ces lunes d'autrefois. Après un moment, je levais les doigts vers elles, je fermais l’œil droit pour mieux viser leur trajectoire, pour me saisir de la grande femme. Ce pâle soleil de cendres et de poussière, il n'explosait plus. Cette lune qui est la nôtre, elle n'est plus vierge, j'y ai posé mes doigts et l'ai caressé doucement. Blanche comme la peau d'un sein, je m’allaitais à ses cratères et les embrassais lentement.
Le lait des étoiles, aussi exquis soit-il, est un fort poison mortel. Je l'ai bu trop longtemps, j'en souffre aujourd'hui.
J'ai blotti ma tête entre les seins de cette femme qui brille au ciel, et mon visage clair refléta ses rayons de paix sur le pavé de la passerelle, pour faire partir la peinture noire loin de sur le dos de la nuit.
Au fond du corridor, j'ai vu une sortie. Une frêle ampoule rouge brûlait tout près de là. Quand j'ouvrai la porte métallique, je vis se dérouler au devant un tapis d'herbes finement coupées, lisses et blanches comme de la soie. J'y fis un court chemin. J'entendais là des voix rauques et tranchées de fatigue me chanter des choses menaçantes, de vieilles chansons françaises en écho sur les falaises de l'ennui. J'entrai dans une sorte de cimetière, duquel sortaient çà et là de très hauts tombeaux. Semées en ligne droite dans l'herbe blanche, alignées comme des arbres de plantation, les pierres tombales semblaient toutes plus transparentes les unes que les autres. D'étranges diamants sans épitaphe qu'on avait mit là en attendant.

Je sentis soudainement ma peau tomber, glisser le long de moi comme une goutte d'eau. Je voyais sur mes jambes gonfler des bulles de gaz. Mes veines brûlaient tandis que de ma bouche s'échappait une nue de buée. Le poison entrait en moi comme on entre dans une taverne. Il me buvait toute ma santé, à chaque toast de victoire. Mes poils devenus des flammes flottaient sur le pétrole de ma peau. Un orgue jouait un requiem, l'hommage qu'on rend aux éperdus. Tandis que je voyais mon corps périr, je m'enfonçais dans une flaque. Une flaque de moi, de ma lente éruption. L'herbe blanche flambait aussi, allumée par ce lac de destruction. J'étais sinistre, j'étais funèbre. Sur le sol du cimetière, canevas de mes éclaboussures, je faisais attentat à la paix opaline des sépultures.
Et quand enfin je vis la mort venir, elle me tacha avec son pinceau, elle écrivit sur mon crâne des mots à l'encre de sang que je lus en reflet dans sa faucheuse de platine.
C'était le vrai nom de la lune.
C'était ton nom et je mourrais.
Dans ce cimetière étaient enterrées les étoiles, celles qui avaient terminé de vivre. Celles qu'on ne voyait plus depuis longtemps.
Le vrai nom de la lune, c'était ton nom et je mourrais, sur cette terre trop dure pour que vraiment je ne m'endorme.

dimanche 21 avril 2013

Sthétoscope

Yorke et moi dans l'encre chinoise
John et moi dans celle des pieuvres
Se remplacer les amours le crochet dans l'ventre
Regarder mourir les coups de téléphone

Je te pénétrerais au sommet du monde
Jurant à mort sur toutes les justices
Sur tous les cadavres auxquels je tiens
Qu'en toi repose ma subsistance

Même si j'achève de démanteler
Les parts de moi qui seules s'entêtent
Je cristallise en attendant
Qu'enfin s'annule l'horizon

Quand d'un côté de cette route
Le blé se mêle aux cannibales
De l'autre s'éteignent les engrenages
On barre les portes de l'église

À quelque part dans la parade
Tu marches, tu traînes le pied
Il y a la foule qui te rattrape
Et je te guette et je te chasse

S'exercer à voir les rutilances
À occuper les chambres d’hôtel
Pour s'embrasser l'aurore venue
«Et repartir».

vendredi 19 avril 2013

le "best of" bleu marin ferait l'affaire

Des vagues et des ondes
filets d'écailles et de vantouses
les coraux sauvages s'éperdent en nous
tentacules venimeuses de l'acide
ces montres sous les tapis
De verre trempé et de radeaux
J'y suis allé dans mon coeur
Donc j'y suis allé
et chanter pour de bon
dans les échos de l'abribus
penser quitter ce nid de fous
qui rampent pour se cacher du monde
qui creusent pour échapper au sort
Ces bêtes d'ombres et de dangers
Elle marchent parmi mon corps
Ces meutes pesantes elles me traversent
Les coups de requins-marteaux
résonnent entre nos carapaces
prises dans les algues au fond du lac
Ma vie se noie dans la folie
Dans l'insomnie de mes pensées de toi
Dans les mains moites de mendiants
Mendiant d'amour crache sur l'argent
chercheur de temps mangeur de vers
Colibrium de liberté
Mesure le pouls de l'océan

J'neckerais encore sur les Beatles

Danser en silence sur la plage de pixels
Au rythme des craquelures sillonneuses
Se piquer pour trouver le sourire
Et la caresse des méduses
La tête penchée de droite à gauche
Dénudé de toutes les malices
Crachat sur les instants magiques
Tout sera banal même ce baiser tranquille
Après la danse sur le balcon
Avec la langue bien doucement
Toucher la volupté des astres
Comme une science de la façon
Une expérience de p'tit garçon
Encore une fois chanter très haut
Le bonheur d'avoir touché le fond
Se délecter des résonances
De sa voix muant en échos
D'Paul McCartney en stéréo
Une cigarette pendant Blackbird
En r'venant d'une game des Expos

lundi 15 avril 2013

Tes tounes préférées

Pis quand j'repense aux connections
J'voudrais qu'on s'colle sur de la prose
J'irais soupirer sur ta nuque
Qu'j'voudrais qu'on l'fasse dans toutes les poses

Pour que tu penses que c'est l'bon vent
Qui te chante tes tounes préférées
Qui souffle sur ta peau mouillée

On s'crissera tout nus dans piscine
Jaser de nos histoires de têtes
Des malheurs qui sont arrivés
Ben ben avant qu'on s'mette à s'voir

Ça donne le goût d'fumer
Qu'ça vaille le coup de s'exiler
Ça donne le goût d'avoir une blonde
Qui file que j'file pour m'défiler

jeudi 11 avril 2013

Passe-Partout


et les doigts me font mal
à force de me retenir
de ne pas toucher la gerbe
qui me cuit au visage

et ça y est je succombe
j'en prends quelques bouchées
ça goûte le sel et l'hécatombe
les milliers de vaches entroutcutées

et ça goûtait la plotte au ketchup
les rasades de bière flatte
puis l'amertume de dèche vieillie
ça m'écorche la peau jusqu'au calcaire

se gaver de gerbe comme un vrai hippie sale
comme si j'étais tenté par la crasse
d'une vieille chatte enrhumée
à qui on aurait par deux fois déchiré l'hymen

donc je me noie dans la honte diète
qui pétille sur moi sa coutellerie d'argent
vingt piastres dans craque pis trente piastres de crack
j'me crosse sur passe-partout ça fait sortir le méchant

vendredi 1 mars 2013

ashes of american flag

All my lies are always wishes
I know I would die if I could come back new